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Chronologie

1918. Dans notre domaine, l'année est courte mais spectaculaire, puisqu'elle débute le 13 novembre (surlendemain de l'armistice) avec la première de Phi-Phi, de Henri CHRISTINÉ, pièce fondatrice du genre. Symptomatiquement, plusieurs des autres pièces créées en cette fin d'année 1918 sont des reprises des auteurs les plus importants de l'avant-guerre : Claude TERRASSE, Charles CUVILLIER, Louis GANNE... A ce moment, on représentait encore à Paris plusieurs oeuvres créées peu avant l'armistice, dont Au béguin des dames d'Albert CHANTRIER, qui avait récupéré au théâtre de l'Abri la place laissée vacante par Phi-Phi

1919. C'est une année creuse pour ce qui nous intéresse, malgré un nombre élevé de créations (26), tout le public disponible semblant absorbé par l'incroyable succès de Phi-Phi. Quelques compositeurs parviennent quand même à placer leurs oeuvres au "hit-parade", dont Albert CHANTRIER qui voit deux de ses oeuvre passer le cap des 3 mois, La Bagatelle et surtout Les P'tites vertus. Tiarko RICHEPIN fait représenter sa première oeuvre de l'après-guerre, mais ne connaît qu'un succès d'estime.

1920. C'est encore une année creuse, malgré ses 30 créations. Deux titres intéressants : Flup, de Joseph SZULC (mais c'est la version remaniée d'une pièce jouée à Bruxelles en 1914), et Titin, une nouveauté du même SZULC, en fin d'année. On note tout de même la présence de Vincent SCOTTO et de Henri HIRCHMANN nouvelle manière.

1921. Ce sera l'année de Dédé, comme 1918 avait été l'année de Phi-Phi,  des mêmes auteurs. En attendant cet immense succès, le début de l'année est un peu terne avec seulement deux titres à succès : La petite fonctionnaire d'André MESSAGER et Le Mariage d'un Tartarin d'Henri GOUBLIER fils. 1921 marque aussi le retour de Charles CUVILLIER et les débuts de Victor ALIX.

1922. L'année commence dans la nouveauté avec le retour de Marcel LATTÈS (Monsieur l'Amour (ses oeuvres précédentes étaient des reprises), le premier succès de Victor ALIX (You- You), les débuts de René MERCIER (Les Fifilles de Loth) et plusieurs créations de Charles CUVILLIER (dont la plus intéressante est Nonnette). Mais le gros triomphe de l'année, c'est celui d'un nouvel auteur qui va bientôt faire parler de lui : Ta bouche de Maurice YVAIN.

1923. C'est avant tout l'année de Là-haut de Maurice YVAIN, un second triomphe  moins d'un an après Ta bouche. En décembre, le même compositeur aura cependant moins de succès avec La Dame en décolleté, pourtant plus ambitieuse musicalement.
1923, c'est aussi l'année des premiers succès de René MERCIER, avec un triomphe personnel dans une oeuvre collective, J'te veux (qui est aussi la première apparition de Gaston GABAROCHE) et aussi Benjamin. C'est aussi le gros succès de l'avant-dernière pièce d'Édouard MATHÉ, Les Linottes d'après Courteline. C'est encore Ciboulette de Reynaldo HAHN, portée aux nues par les adversaires de la musique "américaine" opposés au jazz dans l'opérette. C'est enfin la troisième pièce d'Henri CHRISTINÉ, succès moindre cependant que ses deux précédentes : Madame.

1924. Maurice YVAIN marque le pas, avec un demi-succès : Gosse de riche. Mais c'est surtout l'arrivée d'un compositeur nouveau, très marqué par les débuts du jazz en France, Raoul MORETTI. D'abord un succès d'estime en début d'année, avec En chemyse (l'histoire des bourgeois de Calais revue de façon surréaliste par l'humoriste Cami - déjà auteur de "L'Etroit mousquetaire" ! - en vieux français de cuisine, vite retirée de l'affiche suite à une plainte de la ville de Calais !), beaucoup plus net en fin d'année avec Troublez-moi. A noter que les deux pièces sont interprétées par Dranem qui va devenir l'acteur fétiche du compositeur : pas moins de 7 collaborations entre 1924 et 1932 !
Ajoutons un succès exotique à tous points de vue, la germano-italienne Danse des libellules de Franz LEHAR.

1925. C'est une année d'intense production pour tous les compositeurs révélés depuis la fin de la guerre : Maurice YVAIN (Pas sur la bouche, un très gros succès et Bouche à bouche, un échec alors que c'est l'une de ses meilleures et plus copieuses partitions), Henri CHRISTINÉ (PLM et J'adore ça), Joseph SZULC (Quand on est trois et Mannequins), René MERCIER (Le Péché capiteux, un peu en recul sur ses oeuvres précédentes) et troisième succès, de plus en plus net, de Raoul MORETTI avec Trois jeunes filles nues (le compositeur devient spécialiste des procès : la pièce aura des difficulté en province à cause de son titre provocant !). C'est une année très "jazz", surtout grâce à Maurice YVAIN et Raoul MORETTI qui, le premier, lance le charleston en France.
Ajoutons deux pièces de compositeurs connus dont c'est la seule incursion dans le genre : Pépète de José PADILLA (l'immortel compositeur de "Valencia" et autres succès de Mistinguett) et Riri de Charles BOREL-CLERC (le non moins immortel compositeur du "Petit vin blanc" et auparavant de nombre de chansons patriotiques en 1914-1918)

1926. En fin d'année, revoilà Maurice YVAIN (Un bon garçon) et Henri CHRISTINÉ (J'aime), mais le plus gros succès de l'année n'est pas français, il est américain : c'est No No Nanette de Vincent YOUMANS, créée 6 mois plus tôt seulement à New York. C'est la première incursion marquante des américains sur les scènes françaises, qui jusque là n'avaient connu en guise de succès étrangers que Franz LEHAR et Oscar STRAUS (avant la guerre). Les compositeurs américains s'étaient jusque là cantonnés dans les dancings.
Cette même année, Francis Salabert publie Oh ! Kay ! (en français Oh ! Kate !) de Georges GERSHWIN, mais il semble que l'oeuvre n'ait pas été jouée.
Une autre curiosité en fin d'année : la seule pièce connue de Jean Wiener, fameux à l'époque pour ses duos de piano jazz avec Clément DOUCET : Le Village blanc. Mais ce n'est pas vraiment un succès...

1927. Fort du succès de No No Nanette l'année précédente, la direction du théâtre Mogador enchaîne sur un autre succès américain : Rose-Marie. Mais autant le premier était d'inspiration véritablement américaine, autant Rose-Marie puise aux recettes éprouvées de la musique viennoise dont est issu son compositeur, Rudolf FRIML. Dans les années suivantes on verra dans le même esprit Sigmund ROMBERG : musique très lyrique mais un peu lourde, volontiers mélée de pseudo-folklore,  chanteurs à voix, mise en scène fastueuse qui rélègue la qualité musicale au second plan. Ce sera malheureusement le genre qui prendra le plus d'ascendant après l'avènement du cinéma parlant, et surtout après la guerre de 1939-1945.
En attendant, les jeunes compositeurs français continuent sur leur lancée, le plus gros succès de l'année étant dû à Raoul MORETTI, avec Le Comte Obligado, dont tout le monde connaît encore "La Fille du Bédouin" et "Les Artichauts". Les autres succès de l'année sont le fait de nouveaux compositeurs qui feront parler d'eux : Georges Van PARYS et Philippe PARES pour La Petite dame du train bleu et Lulu. Gaston GABAROCHE représente sa première oeuvre en solitaire, Ketty Boxeur, Marcel LATTES connaît son premier vrai succès avec Le Diable à Paris, Tiarko RICHEPIN aussi avec Venise, tandis qu'un futur compositeur important apparaît sous un pseudonyme : Pascal BASTIA, qui signe Ma femme du nom d'Irving PARIS.

1928. Année de transition, car les succès de 1927 poursuivent leur carrière. Quatre oeuvres importantes cependant : Yes de Maurice YVAIN, L'Eau à la bouche de Georges Van PARYS et Philippe PARÈS, Déshabillez-vous de René MERCIER et Coups de roulis d'André MESSAGER, dont c'est la dernière oeuvre.
Plus discrètes, la première oeuvre représentée à Paris d'Henry VERDUN, un des plus importants compositeurs de musique de films des années 30 et 40 : L'Hostellerie de la vertu, la seconde de Pascal BASTIA alias Irving PARIS : Un joli monsieur, et la seule de Michel Maurice LÉVY, alias BÉTOVE : Pom Pom

1929. Année record avec 40 oeuvres nouvelles au programme ! Les quatre plus gros succès de l'année sont Kadubec et surtout Elle est à vous de Maurice YVAIN (avec l'inusable "Pouet Pouet", pourtant pas le meilleur de la partition !), qui échoue pourtant avec sa troisième oeuvre de l'année, Jean VFlossie, de Joseph SZULC, où deux débutants célèbres se donnent la réplique : Mireille et Jean GABIN ; Louis XIV de Georges Van PARYS et Philippe PARÈS. Arthur de Henri CHRISTINÉ a un peu moins de réussite, ce qui va conduire son auteur à quelques années difficiles, d'autant qu'il ne fait pas non plus partie des pionniers du cinéma parlant (il ira jusqu'à mener des croisades en faveur des compositeurs français, lui qui était d'origine suisse !) avant de se trouver une nouvelle voie en collaboration avec Tiarko RICHEPIN (voir l'année 1934).
Showboat, de l'américain Jerome KERN, va lancer le théâtre du Châtelet sur la voie des comédies musicales à grand spectacle, à la suite de Mogador. Musicalement c'est une partition très supérieure à celles de Rudolf FRIML et Sigmund ROMBERG.
En 1929 a lieu également la première représentation en France d'une oeuvre de George GERSHWIN : Tip Toes, créée fin 1925 à New York. Mais ce n'est pas un gros succès.

1930. C'est la première année où le cinéma parlant émerge vraiment, malgré quelques tentatives dès l'année précédente. Les premiers films parlants sont émaillés de quantité de chansons, d'ailleurs des mêmes auteurs que les comédies musicales, et font un peu d'ombre à ces dernières.
On relève cependant quatre succès : Bégonia, de René MERCIER, Enlevez-moi, de Gaston GABAROCHE, Sidonie Panache de Joseph SZULC et Six filles à marier de Raoul MORETTI. Le même Raoul MORETTI a d'ailleurs la même année signé deux autres pièces avec moins de succès : Rosy, demi-échec et Femme de minuit (qui comporte pourtant un blues superbe), échec total, mais aussi les deux tubes de "Sous les toits de Paris", le premier film parlant de René CLAIR.
Maurice YVAIN avec Pépé (sa partition la plus mince) et Georges Van PARYS et Philippe PARES avec Le Coeur y est ont moins de succès.
Enfin, on note la première oeuvre de Guy LAFARGE, début d'une longue carrière puisqu'elle se poursuivra jusqu'aux années 80 : Niquette, et l'incursion dans le genre de Arthur HONEGGER avec Les Aventures du Roi Pausole (mais il avait fait représenter en Suisse, plus tôt dans l'année, "La Belle de Moudon", d'inspiration plus folklorique).

1931. Petite année pour la comédie musicale, battue en brèche par les débuts du cinéma parlant : les films à chansons sortent par dizaines... Trois oeuvres marquantes seulement : Encore cinquante centimes, première et dernière collaboration des deux fondateurs du genre, Maurice YVAIN et Henri CHRISTINÉ, Brummell de Reynaldo HAHN, et au rayon étranger Nina Rosa de Sigmund ROMBERG. Couss-couss de Georges Van PARYS et Philippe PARÈS n'a qu'un succès d'estime, ce qui mettra un terme à la série de comédies musicales co-écrites par les deux compositeurs.

1932. L'attrait de la nouveauté cinématographique commençant à se tasser, les théâtres reprennent de la vigueur. 29 nouvelles oeuvres cette année, et surtout des succès comme aux plus beaux jours de Phi-Phi . Au premier rang, une oeuvre étrangère : L'Auberge du Cheval Blanc. Cette pièce mêle des qualités certaines (un spectacle total éblouissant, une bonne intégration de la musique dans l'action, surtout au 1er acte) et des défauts criants (une certaine banalité musicale, un pseudo-folklore qu'on pourrait qualifier "d'opérette"). On est dans le droit fil de Rose-Marie et autres Nina Rosa, et dans l'origine des lopézeries d'après guerre. Dans un esprit plus pesant, c'est le triomphe auprès des amateurs de belcanto du Pays du sourire de Franz LEHAR, malgré des critiques assez unanimement assassines ("Madame Buterfly de bazar" étant la plus aimable).
Mais la vraie comédie musicale est toujours là, grâce à Raoul MORETTI qui enchaîne deux gros succès, un au cinéma avec Il est charmant et un au théâtre avec Un soir de réveillon (qui se jouera pendant toute l'année 1933) et grâce à Gaston GABAROCHE avec Azor. 1932 voit aussi le plus gros succès de Victor ALIX, Mon amant, celui de Henry VERDUN, La Pouponnière et surtout la première de la série des opérettes-revues marseillaises de Vincent SCOTTO épaulé par Georges SELLERS, Au pays du soleil (qui faisait suite à un spectacle mi-revue mi-opérette, la Revue Marseillaise 6 mois plus tôt).

1933. Le plus gros succès de l'année est incontestablement Oh ! Papa ! de Maurice YVAIN. On note aussi le retour de Henri CHRISTINÉ à la scène avec La Madone du promenoir où il s'efforce de moderniser un peu son style. On note aussi un succès certain de Reynaldo HAHN avec O mon bel inconnu et de Vincent SCOTTO avec Trois de la marine.
Mais la nouveauté principale de l'année, c'est l'irruption dans la comédie musicale de nouveaux auteurs de chansons qui vont donner naissance à tout une génération d'auteurs-compositeurs, dont le premier sera Charles TRENET. On représente en 1933 trois pièces dans ce genre : un succès incontestable, Dix-neuf ans, de Pascal BASTIA (pour la première fois sous son vrai nom), un demi-succès, Loulou et ses boys de Michel EMER, et un échec, A la belle bergère, de MIREILLE. Au cours des années suivantes, le genre ne perdurera pas sur scène : il est plus adapté aux jeunes amateurs de chansons et de disques qu'au public plus âgé des théâtres.
Enfin, signalons pour l'anecdote deux demi-échecs, malgré le bruit fait autour d'eux : Katinka de Louis LAJTAI en février et surtout Deux sous de fleurs de Ralph BENATZKY en octobre. Ces deux oeuvres ont été financées à grands frais par Alexandre STAVISKY, qui se "suicidera" à la fin de l'année, interrompant les représentations de la seconde.

1934. C'est une année agitée sur le plan politique, mais plutôt calme dans notre domaine. Autour d'un triomphe inattendu, Toi c'est moi de  Moises SIMONS (déjà célèbre compositeur cubain), les compositeurs traditionnels produisent leur oeuvre annuelle : bon succès de Raoul MORETTI avec Les Soeurs Hortensia (d'après un livre de Henri DUVERNOIS, également auteur de Toi c'est moi), et de Henri CHRISTINÉ avec Au temps des merveilleuses (en collaboration avec Tiarko RICHEPIN) et Le Bonheur, Mesdames. Par contre, Maurice YVAIN échoue avec La Belle histoire (pourtant écrite en collaboration avec Henri-Georges CLOUZOT) et n'a qu'un pâle demi-succès avec Vacances (pourtant écrite avec l'auteur de l'année, Henri DUVERNOIS), de même que Joseph SZULC avec Mandrin.
Au chapitre des curiosités, on note la création d'une pièce de Jacques DEVAL, Marie Galante où figurent quelques chansons originales de Kurt WEILL, sorti d'Allemagne en 1933 et en route pour les Etats-Unis.

1935. Seulement deux succès cette année : le retour de Maurice YVAIN avec Au soleil du Mexique (dans le même esprit que Au temps des Merveilleuses l'année précédente), et la revue annuelle de Vincent SCOTTO, Un de la Canebière d'où émergent plusieurs "tubes" increvables : "Cane Cane Canebière", "Un petit cabanon", "Vous avez l'éclat de la rose", et surtout "Le plus beau tango du monde", dont Tino ROSSI enregistrera très rapidement une version fameuse mais plus fade que l'original par Henri ALIBERT.
Derrière ces deux pièces, un demi-succès, Coeurs en rodage de Casimir OBERFELD et beaucoup d'échecs : Les Joies du Capitole de Raoul MORETTI, Pour ton bonheur, la dernière pièce de Marcel LATTES (pourtant une très belle partition), Le Groom s'en chargera de Pascal BASTIA (de cette dernière pièce reste cependant un gros succès, immortalisé ultérieurement en tant que chanson par Jean SABLON : "Je tire ma révérence").

1936. Un seul très gros succès : Ignace de Roger DUMAS, nouveau compositeur à Paris, mais déjà connu à Marseille où la pièce a été créée l'année précédente. Derrière ce triomphe, Normandie, première oeuvre théâtrale d'un compositeur déjà fameux pour les airs qu'il compose pour Ray VENTURA : Paul MISRAKI. En fin d'année, succès également pour Yana, seconde collaboration de Henri CHRISTINE et Tiarko RICHEPIN. Plusieurs demi-succès (ou demi-échecs) pour les compositeurs traditionnels : Gaston GABAROCHE avec Faites ça pour moi, René MERCIER avec Un petit bout de femme, Henri CHRISTINE avec La Poule, Raoul MORETTI avec Simone est comme ça. Ces deux dernières pièces montrent bien l'évolution du genre après 1930 : ce sont des adaptations de films antérieurs, dont la musique a été développée pour la scène.

1937. Aucun succès marquant cette année, si ce n'est une oeuvre composite d'Oscar STRAUS dont les deux tiers sont une compilation d'oeuvres des autres STRAUSS, Johann père et fils : Trois valses. Mais le succès en est surtout dû au livret astucieux de Léopold MARCHAND un peu dans l'esprit de Sacha GUITRY, et à l'interprétation de Pierre FRESNAY et Yvonne PRINTEMPS. Les seules autres oeuvres restées dans les mémoires cette année-là sont Les Gangsters du Château d'If de Vincent SCOTTO et dans une moindre mesure Ma petite amie, la première oeuvre de Georges VAN PARYS sans Philippe PARÈS, sa dernière avant la guerre.
Notons aussi La Belle saison, pièce un peu particulière qui ressemblait plutôt à un tour de chant de Lucienne Boyer.
Même la pièce annuelle du Châtelet, Le Chant du Tzigane ne tint que 4 mois, score méritoire pour la pièce qui n'avait pas fait si bien dans sa version originale aux USA, mais piteux pour le théâtre (la tradition voulait que chaque année soit créée un peu avant Noël une pièce à grand spectacle, qui devait assurer l'année jusqu'au Noël suivant).

1938. Peu de succès notable cette année, malgré la présence de Gaston GABAROCHE dans sa dernière oeuvre, J'hésite et de Joseph SZULC dans Le Coffre-fort vivant, qui ne tient "que" six mois au Châtelet. L'oeuvre la plus remarquée de l'année est une pièce d'origine hongroise, Rien qu'un baiser, de Michel EISEMANN. Mais on est loin des pièces de la grande époque 1929-1932 !
La collaboration d'Arthur HONEGGER et Jacques IBERT, Les Petites Cardinal est encore un échec pour les Bouffes Parisiens, alors que la musique était pourtant plus abordable que Les Aventures du roi Pausole.

1939. La guerre approche, et l'heure n'est plus à la comédie musicale. La dernière oeuvre représentée avant la guerre est symptomatiquement une pièce allemande, Leurs majestés de Hans LANG, qui n'a laissé aucune trace dans les mémoires. A tous égards, on est loin de Phi-Phi vingt ans auparavant !

1940. Fin mai, les théâtres ferment, interrompant les représentations de Mes Amours d'Oscar STRAUS. Ils rouvriront en septembre, à la demande de l'occupant. Réouverture partielle au début, en raison du couvre-feu et des restrictions, et avec surtout des reprises de valeurs sûres. L'Amour s'amuse de Lucien PIPON, créée en mars à Bruxelles et seulement en décembre à Paris, est une pièce très soignée et réussie qui ne mérite pas l'oubli où les circonstances l'ont envoyée...

1941. Les reprises continuent à se tailler la part du lion, mais deux nouveautés, dans des genres très différents, connaissent un bon succès : L'Auberge qui chante, la dernière oeuvre de Tiarko RICHEPIN (qui doit tout à sa musique, le livret étant particulièrement niais), et Eulalie, petite pochade de Georges MATIS sur un livret de Raymond SOUPLEX. Deux autres créations, La Tendre Alyne de Marc BERTHOMIEU et L'Ecole buissonnière de Georges VAN PARYS, pourtant sans doute plus méritantes, ne trouvent pas vraiment le succès.
A l'extrême fin de l'année, Plume au vent, de Claude Pingault connaît le succès à Lyon, avant de monter à Paris en 1948.

1942. Toujours au milieu des reprises, quelques nouveautés tirent leur épingle du jeu : Carnaval, oeuvre très classique d'Henri Goublier, Vive la reine de Georges MATIS et Raymond SOUPLEX sur le même modèle que leur Eulalie l'année précédente, et La Course à l'amour de Guy LAFARGE. En revanche, Maurice YVAIN connaît un nouvel échec avec Son Excellence. A la fin de l'année, Valses de France au Châtelet (demi-nouveautés, puisque c'est un pot pourri d'airs classiques), succède pour 14 mois à une reprise de Valses de Vienne.

1943. Très bon succès de Georges Van Parys avec Une femme par jour, plus mitigé de Jean Tranchant avec son Feu du ciel (sans doute trop coûteux), et retour de Guy LAFARGE avec moins de succès que l'année précédente dans Belamour, pourtant interprété par Milton. Mais c'est encore une reprise qui a le meilleur succès, l'inusable Dédé d'Henri CHRISTINÉ.

1944. Pratiquement que des reprises en cette dernière année de la guerre, le plus gros succès étant Ta bouche de Maurice YVAIN. Trois nouveautés s'y glissent quand même, dont un succès avec Le Beau voyage d'un enfant de Paris, qui renoue au Châtelet avec les courses autour du monde dont le théâtre est coutumier, et un demi-succès qui en deviendra un complet en 1947, Clochemerle de Fernand Warms.

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