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A Bourg-le-Roi, en Bretagne, on est en pleine période d’élections ; dans ce coin traditionnel, c’est Rabourdin qui est nommé depuis vingt-cinq ans, mais il est fatigué, et veut présenter un candidat de son choix, il a décrété que c’est celui qui épouserait sa fille, Edith. L’affaire a été menée par Mme de Port-Salut, qui a trouvé un jeune homme charmant, M. Gilbert Lusignan, que Rabourdin a vu une fois à Paris ; la campagne électorale a déjà été commencée, les affiches posées et le candidat n’a pas paru.
Les autres candidats sont assez négligeables, les conservateurs, toujours en infériorité, et les communistes, tellement persuadés de leur échec que, par ironie, ils ont présenté un candidat absolument nul, Kadubec, employé à la gare de Bourg-le-Roi.
Kadubec a, comme agent électoral, Bouleau, homme d’équipe, et comme bête noire, Cordier, le sous-chef de gare, autoritaire et posant au casse-cœur et qui fait la cour à Mlle Aventurine, la caissière du buffet ; Kadubec aussi la trouve à son goût, mais elle a un autre idéal que d’être femme de fonctionnaire : elle veut devenir grande cocotte à Paris, et elle compte pour cela sur un troisième galant, M. Rabourdin lui-même, qui se donnera du large, quand sa fille sera mariée.
Edith Rabourdin n’est pas une imbécile, c’est une fille très organisée, possédant ses parchemins, auditrice aux sciences politiques et qui n’a qu’un regret : ne pas être un garçon, ainsi qu’elle le dit souvent à son frère Lucien, qui est tout l’opposé ; c’est un romantique attardé, il est amoureux à fond d’une femme mariée qui habite un château voisin, et avec laquelle il se rencontre la nuit en cachette et qui n’est autre que Mme de Port-Salut, mais tout le monde ignore cette liaison.
Edith est résolue à se marier pour trouver sa liberté et aussi pour pousser son mari qui sera député, car elle est ambitieuse ; mais encore faut-il qu’il lui plaise et, cachée dans un coin du buffet, elle jugera ce fiancé éventuel, avant la présentation officielle.
Mais Gilbert Lusignan a une liaison, Gina Malherbe, à laquelle il n’a parlé, bien entendu, que de la campagne électorale ; elle n’a pas voulu le lâcher, et elle débarque avec lui ; il la présente comme sa demi-sœur ; Edith, sur qui il a fait une excellente impression, se sauve dès qu’elle l’a aperçu.
Une gaffe de Mme de Port-Salut, à Gina, qu’elle prend pour la sœur, apprend à celle-ci que le siège de député ne se donne qu’avec la main de la fille Rabourdin ; scène, explication orageuse, menace de scandale et elle oblige Lusignan à dire qu’il veut bien du siège mais pas de la fille.
Fureur de Rabourdin, il est trop tard pour changer de candidat, le vote a lieu trois jours après et la campagne a été tellement bien faite que Lusignan passerait haut la main ; aussitôt il mène une contre-sape et propose à Kadubec de reporter ses voix sur lui, moyennant quelques concessions et à la condition qu’il prenne son fils Lucien comme secrétaire ; il annonce la chose à celui-ci, qui est désespéré, il ne veut s’éloigner à aucun prix de ce coin de Bretagne, où sont ses amours ; d’autre part, Edith est dépitée d’apprendre que ce fiancé qui lui plaisait la refuse sans même vouloir la connaître, elle devine une rivale dans Gina, la fausse sœur, et elle console son frère en lui disant qu’il ne s’inquiète pas, elle trouvera quelqu’un, qui passera pour lui auprès de Kadubec, puisque celui-ci ne le connaît pas.
Tous reviennent de la réunion contradictoire qui a été très orageuse ; Lusignan a été malmené et, sûr de son échec, il abandonne. C’est Kadubec qui sera élu, il apparaît sur le chariot à bagages comme sur un char de triomphe et les deux adversaires se raccommodent.
Le deuxième acte nous transporte dans le cabinet du ministre des Voies publiques, pendant une soirée au ministère, tous les personnages se retrouvent, les intrigues s’entrecroisent et se compliquent pour se terminer, au troisième acte, devant la gare de Bourg-le-Roi, où tout finit par s’arranger.
[Extrait du programme original]