Pas sur la bouche

× Gilberte Valendray fut autrefois la femme de l'Américain Eric Thomson. Le mariage, contracté en Amérique du Sud, ne fut pas régularisé devant le consul de France et peut être caché à son actuel mari, Georges Valandray. Ce dernier ne prend nul ombrage des nombreux soupirants qui tournent autour de sa jeune épouse fantasque et capiteuse - elle a du sang péruvien dans les veines -, mais sérieuse. N'a-t-il pas prévenu d'avance toute infidélité, développant la théorie qu'une femme ne saurait trahir la confiance de celui qui, le premier, l'a initiée à l'amour ? Mais Eric, le premier mari de Gilberte, entre en relation d'affaires avec Georges et les deux anciens époux sont appelés à se revoir lors du dîner donné le soir même en l'honneur de l'Américain. Afin d'éviter tout scandale, Mademoiselle Poumaillac, une tante de Gilberte entièrement dévouée à une nièce qu'elle a élevée, fait comprendre à Thomson qu'il doit opter pour la discrétion ; l'Américain accepte de garder le secret. Mais ce synopsis, solidement charpenté dans l'esprit boulevardier, n'épuise pas la totalité de l'intrigue d'un premier acte où paraissent encore d'autres personnages constitutifs d'une veine plus légère, bondissante et vaudevillesque: Faradel et Charley Brunner, les flirts de Gilberte, Huguette Verberie, jeune fille émancipée, qui a jeté son dévolu sur un Charley lancé dans le monde de la peinture d avant-garde.
A l'acte 2, Thomson est invité à la soirée que donne Gilberte durant laquelle doit être présenté un ballet de Charley.
L'ancien mari de Gilberte est redevenu amoureux de sa première femme qui, de son côté, aime son nouveau mari. La meilleure parade consiste pour elle à afficher un amant, Charley en l'occurence, et à se rendre indigne, par une vie dissipée, d'un Thomson torturé, mais qui n'entend pas déroger à ses principes rigoristes.
Mademoiselle Poumaillac essaie bien de pousser la jeune Huguette dans les bras de l'Américain mais ce dernier répugne au baiser sur la bouche, une institutrice trop entreprenante ayant, à l'âge de douze ans, provoqué chez l'Américain pudibond une réaction "antibuccale" vite transformée en véritable complexe.
Enfin dans un final qui ne clarifie pas les choses, Georges apprend que Thomson aurait eu une première femme du nom de Poumaillac.
Le troisième acte nous conduit dans la garçonnière de Faradel, sur le quai Malaquais chanté à la fin de l'acte précédent. Thomson, en achetant la concierge, s'installe dans les lieux retenus par Charley. Le jeune peintre y accueille Huguette qu'il préfère tinalement à Gilberte. Cette dernière, afin de convaincre Thomson qu'elle a réellement un amant, insiste pour que Charley la prenne dans ses bras ; elle est alors surprise par Georges qui, gagné à l'idée que sa femme a déjà été mariée, est ébranlé par ce qu'il découvre. Thomson ne doute plus lui non plus de l'inconstance de Gilberte. Mademoiselle Poumaillac sauve alors la situation en se faisant passer pour l'ex-femme de Thomson qui, contre toute attente, découvre le plaisir du baiser sur la bouche avec une femme restée ardente malgré son âge. Voilà qui prélude à une union entre l'Américain et la tante de sa première épouse. Enfin, Huguette sort de la chambre et convainc Georges que Charley n'était venu que pour elle et non pour sa femme. Les deux jeunes gens se marieront et le couple Valandray sortira renforcé de l'épreuve.