Cette pièce dont il ne reste aucune trace, ce qui est plutôt rare pour Maurice Yvain, surtout à cette époque (ni partition, ni programme, ni photographies, et seulement deux pauvres disques introuvables) a vraisemblablement beaucoup pâti du gros succès de "Elle est à vous", des mêmes auteurs, sorti à peine plus d'un mois auparavant. C'était pourtant une oeuvre en tous points remarquable, à en croire la critique, et la distribution (surtout féminine) était éblouissante.
Le livret rappelle plusieurs pièces d'André Barde : La Reine Joyeuse (antérieure), Encore 50 centimes (postérieure)...
Une publicité sur la deuxième de couverture du livret d'"Elle est à vous" fait état de l'édition de "Jean V" par Salabert. C'était sans doute un voeu pieux, anticipant un succès qui n'est pas venu...
L'Histoire
Résumé de la pièce
×
A Montparnasse, vit un certain Jean Kolowicz qui fait de la peinture ultra-moderne. Son père était un lion ; lui, ce n’est qu'un "fauve". Il a épousé la fille d’un brigadier-gardien de la paix ; il frequente des anarchistes et des « poules » qu’il croque ; il fait des dettes ; enfin, il a tout ce qu’il faut pour être parfaitement heureux.
Mais son repaire est... repéré par une intrigante exaltée, la comtesse Gemma Baklawa, qui a juré de jouer un rôle dans son pays, et par le banquier Montbard qui voudrait mettre la main sur des mines célèbres en Cerdagne, les mines de Mineth.
Gemma Baklawa et Montbard ont ourdi un complot ; ils ont renversé l’usurpateur Adolphe et fait proclamer Roi, à son insu, Jean V Kolowicz, dont Montbard n’a payé les dettes qu’après lui avoir fait signer un engagement en bonne et due forme concernant les usines de Mineth. Victor l’anarchiste fait aussitôt table rase de ses opinions pour devenir le conseiller intime de la nouvelle Majesté et prouver aux prolétaires de la Cerdagne qu’entre un gouvernement communiste et la royauté absolue, il n’y a qu’une différence d’étiquette.
Anarchiste, "poule" de l’anarchiste, brigadier de la paix se retrouveront tous à la Cour de Cerdagne où ils commettront les impairs classiques depuis La Dame de chez Maxim’s.
Une jeune princesse à la page voudrait faire divorcer à son profit le jeune Roi ; elle gagne à sa cause la Baklawa et Montbard. Un nouveau complot est ourdi, dont tous les conspirateurs essayent de se duper les uns les autres. Vonvon, la jeune femme de Jean, ayant surpris la princesse sur ses genoux, décide de quitter cette cour balkanique en en faisant claquer la Sublime Porte.
Les aventures de la Cerdagne ayant défrayé la chronique mondiale, une société cinématographique a décidé de les exploiter. Montbard se trouve, naturellement, à la tête de l’entreprise. Vonvon est engagée comme star pour tenir son propre personnage. On cherche un Jean V. Un jeune Américain, Percy White, se présente : c’est le sosie de Jean. C’est même Jean en personne qui a imaginé ce moyen pour se rapprocher de Vonvon, la jeune femme n’ayant pas répondu à ses lettres désespérées.
Dois-je vous ajouter qu’ils tomberont dans les bras l'un de l’autre ; que la Baklawa et la jeune princesse, déçues dans leur premier complot, en seront réduites, la première à rétablir Adolphe sur le trône et la seconde à l’épouser ; que Montbard sera berné dans toutes ses entreprises et que les autres personnages vivront tous heureux à Paris où les toiles de Jean, dépassant en laideur tout ce que les autres ont fait, s’enlèvent maintenant à prix d’or.
[Extrait de "Comoedia", 26 février 1929]
|