×
La petite bonne d'Abraham, c'est Agar, comme chacun sait, et l'on voit dans l'opérette de MM. Mouëzy-Eon et Gandéra, le dit patriarche et sa vieille barbe, et sa femme Sara qui parle de sa stérilité et son fidèle serviteur Eliezer qui ne serait pas fâché de dégommer le patron et de prendre sa place comme chef de tribu sous prétexte que la descendance d'Abraham n'est pas assurée.
C'est d'ailleurs autour de ce point délicat que tourne l'opérette. Sara n'ayant pas d'enfants il faut qu'Abraham en obtienne d'Agar... Mais Abraham est un patriarche d'un certain âge...
C'est une petite histoire biblique un peu difficile à raconter à cause de sa gaieté parfois trop précise mais charmante à écouter et dont il semble inutile de déflorer les gracieux détails en les racontant par avance au spectateur.
[Extrait du programme original, Edouard VII, 1917]
Abraham n’ayant pas eu le temps, ni les moyens, au cours de sa longue vie, de donner un enfant à ça femme Sara, il est sur le point de perdre ses prérogatives de chef de tribu.
Eliezer brigue sa succession, qu’il obtiendra sans aucun doute, à moins qu’une flamme inattendue ne permette au patriarche de manifester plus éloquemment ses... capacités.
Sara, plutôt que d’accepter une semblable déchéance, n’ignorant pas d’autre part que ses charmes périmés ne sont plus un piment suffisant pour réveiller la verve du patriarche fatigué, accepte de se sacrifier. Elle consent à ce que prenne place sur la couche patriarcale la jeune Agar, sa domestique égyptienne, qui, elle l’espère, aura hérité de la fertilité d’une mère prolifique.
Sara a cependant excité les appétits d’un robuste chamelier, tandis que la jeune vierge roucoulait, avant tout ce complot, avec le berger Assuf.
L’heure du sacrifice a sonné. On amène, en grande cérémonie, la vierge sous la tente d’Abraham. Le malheureux patriarche, après de vains et courageux efforts, tombe béatement dans le plus paisible des sommeils. Le chamelier surprend Sara, venue pour découvrir où en sont les opérations, et l’entraîne, afin de lui exprimer sa passion, dans la tente la plus proche. Quant à Agar, elle se réfugie dans les bras d’Assur qui remplace vigoureusement l’impuissant patriarche.
De cette nuit mouvementée résultent deux enfants. C’est plus qu’il n’en fallait pour qu'Abraham maintienne ses droits.
[Extrait de "Comoedia", 13 juillet 1924]