Les Trois Don Juan

× A Venise, au XVIIIe siècle. Chez l’antiquaire Bernardino, nous trouvons le petit-fils de Don. Juan, obligé de remplir les conditions d’un agréable et pénible contrat que lui a fait signer l’usurier pour le remboursement d’une grosse créance. Toutes les belles Vénitiennes apportent leur or et leurs bijoux afin d'avoir le bonheur de converser avec le séduisant jeune homme. Mais l’arrivée dans la ville d’une belle Versaillaise, Parysine, change tout le dispositif imaginé par Bernardino. Don Juan, amoureux de la jolie Française, refuse d’exécuter son engagement, et la Maison des Voluptés, devant cette carence, devra fermer ses portes. En vain l’antiquaire fait-il appel à Ambrosio, gondolier vicinal. Celui-ci, ardent au déduit, mais manquant de style, ne fait qu’un Don Juan numéro deux, sans couleur et sans allure. Et comme il tombe à son tour amoureux de Faustine, la femme de Bernardino, il quitte également le service de ce dernier. Une hirondelle ne fait pas le printemps, un coq fait-il une basse-cour ? Bernardino, héroïque, obtient du docteur Voronoffi une « greffe générale, et c’est lui qui deviendra le troisième et infatigable Don Juan. Pour la moralité de l’histoire, c’est sa propre femme qui sera son heureuse et première proie, et si les ardeurs latentes de la jeune Lizetta lui en laissent le loisir, espérons pour lui et pour elle qu’il saura s’en tenir Ià.

[Extrait de "Comoedia", 21 janvier 1923]