Pour cette pièce créée à Lyon par des auteurs lyonnais, deux des trois auteurs prirent des pseudonymes : Lucien Ferrier-Jourdain (Marcel Harmand) et Paul Creyssel (Charles Martel). Ils étaient tous deux proches de la mairie, et l'écriture d'une opérette aurait sans doute fait un peu désordre !
Cette pièce est sans rapport avec l'opérette homonyme de Diet, Xanrof et Dupré (Athénée, 27.02.1897).
Remarque biblique : "Putiphar", personnage de la Bible, était en réalité un homme, mais il figure dans une anecdote dont le personnage central est son épouse, qui n'est pas nommée autrement que "la femme de Putiphar", d'où la confusion ! Les noms des autres personnages de la pièce sont de la plus haute fantaisie : Rak-Hoursi, Tout An Karton, Nénuphar, Capharnaum, Sarcophage... !
L'Histoire
Résumé de la pièce
×
La scène se passe à Memphis en des temps très anciens : mais les hommes n'ont guère changé depuis. Dans sa chambre le Pharaon Tout-Ank-Arton sommeille paisiblement. Il échappe ainsi aux soucis du pouvoir et aux ardeurs indiscrètes de la Reine Putiphar. Le Premier Ministre, selon l'usage, le remplace complètement.
Acte I. — Le rideau s'écarte. Le Pharaon, réveillé par la soif, va lui-même aux cuisines, chercher un en cas. A ce moment arrive en courant Joseph, juif vendu par ses frères, que la foule a pris pour un profiteur de guerre et veut lyncher : Joseph, entendant du bruit, se cache dans le lit du Roi. Entrée du peuple : il vient selon la coutume réveiller le Roi en musique et entendre les propos de sa sagesse matinale. Entrée des Ministres, ils ont grand peur de perdre leur portefeuille. Car l'indispensable Premier Ministre est mort, Putiphar s'impatiente, et faute de remplaçant le Cabinet tombera. Capharnaüm et le Général Menophis se proposent. La Reine choisira entre eux son favori. Ils sortent, gonflés d'orgueil. Mais le Roi revient. Scène du réveil en fanfare. Arrivée en tumulte de la populace qui a retrouvé la piste de Joseph. Joseph paraît, séduit la Reine Putiphar, trouble le cœur de la Princesse Nénuphar, et intéresse le Pharaon qui le nomme Premier Ministre.
Acte II. — Dans les jardins du Palais, les deux suivantes Acanthe et Mariette ont pris la place de la Reine pour tromper Capharnaüm et Menophis. Leur ruse réussit tout à fait. Joseph et Nénuphar, troublés et très épris l'un de l'autre échangent leurs premiers aveux. Devant toute la Cour on célèbre solennellement l'installation du Premier Ministre Joseph. Quand tout le monde est parti, Putiphar, à qui Joseph plaît de plus en plus, le lui marque nettement, mais en musique. Entre les mains de la Reine, l'infortuné Ministre, qui ne pense qu'à Nénuphar laisse son manteau pour sauVer sa Vertu. La Reine, furieuse, appelle au secours. Le Roi, qu'on est allé réveiller, entre en tumulte aVec toute la Cour. Putiphar accuse Joseph de l'aVoir Vivement pressée. Tout-Ank-Arton préférerait se recoucher ; mais il est obligé de sévir. On emmène en prison Joseph et les Ministres qui le défendent.
Acte III. — Au troisième acte nous retrouvons tous ces Ministres sauf Capharnaüm et Menophis dans la cour de la prison. Rak Hoursi, ex-chef du Protocole est devenu garde chiourme. Joseph s'est découvert un talent de prophétie et prédit l'avenir au peuple par un guichet. On apprend que le Roi, grâce au traitement du célèbre médecin Scribaccroupi a retrouvé sa Vivacité d'antan. Putiphar séduite par sa renaissance, a oublié Joseph et ne pense qu'au Roi. Mais Nénuphar se consume toujours pour Joseph. La voici ; elle tombe dans les bras de l'heureux prisonnier. Survient Putiphar : Joseph lui demande la main de la Princesse et pour l'attendrir se jette à ses genoux. C'est à ce moment que Tout-Ank-Arton, impétueux et irrité surgit, menace., se croit de nouveau trompé, et cette fois parle de faire empaler tout le monde. On l'apaise en musique, et vous devinez le dénouement. Note des Auteurs. — Des égyptologues s'étonneront de voir régner à Memphis un Prince constitutionnel et parlementaire. C'est faute de connaître les derniers documents de Glozel qui ne laisse aucun doute à ce sujet. Putiphar prétend être une reconstitution scrupuleuse et nous osons le dire, savante d'une époque sur laquelle la tradition biblique et quelques inscriptions ou papyr'us nous renseignent sommairement.
[Extrait du programme - Lyon, Célestins, 1928]
|