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L’idée est plaisante de ces figurants de l’écran qu’une méprise oblige à jouer les rôles de leurs occasionnels costumes. Ah la charmante aventure de ce faux préfet, de ce « semble-ministre » cueillis dans une gare par un maire et un orphéon, et menés tambour battant à travers un bourg provençal aux dignes fins de décorer là bienfaitrice de l’endroit. Sous son habit brodé d’argent, Durant, le pauvre raté, jubile ; mais l’émoi de Roger Varville jeune étudiant désargenté, fait trembler la barbe à crochets ministérielle. Une fois pris dans l’engrenage, force leur est de jouer la partie.
De son côté, la bienfaisante Mme de Ghanzy n’est pas trop fière car sous sa perruque et sa longue robe se dissimulent les vingt ans de la star Liane de Katjy en en rupture d’admirateurs. Pourtant, tout se passe en liesse ; aux réjouissances du jour, la nuit ajoute son mystère, unit le préfet à la servante Marguerite, et la dame patronesse à son ministre... Tout serait charmant si, au matin, n’arrivait le véritable préfet : nos deux imposteurs doivent détaler à l’approche des gendarmes !
Mais puisqu’il faut que l’amour triomphe et que finisse la pièce, Liane lancera sa perruque par dessus les moulins d’olives, retournera au Cinéma et retrouvant son ex-ministre d’un jour... et d’une nuit, sans barbe cette fois, mais non sans portefeuille, l’épousera.
[Extrait de "Comoedia", 25 octobre 1936]