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Mme Toche, parfumeuse, n’ayant que des rapports lointains avec celle d’Offenbach, n’eut jamais froid aux yeux. De ce manque de froideur, eût dit Montépin, deux jumelles naquirent : or, ayant deux amants en titre, Mme Toche répartit équitablement la paternité, attribuant à chacun d’eux une des filles. Ce pourquoi elle interdit à Lucette de l’appeler maman, à cause du « père » de sa sœur...! L’audace des jumelles - il ne s’agit pas en la circonstance des lorgnettes de théâtre - consiste à accorder leurs faveurs... avant la lettre aux hommes qu’elles souhaiteraient épouser. Lucette est éprise d’un nègre. Sa sœur d'un jeune imbécile qui, sans être nègre ne se voit pas blanc dès qu’approche la terrible Mme Toche, à qui on ne la fait pas. Ajoutez à cela Marius, coiffeur-chimiste, dont la parfumeuse voudrait faire son gendre et qui, de son côté, est épris d’une négresse, et un bataillon de jeunes personnes à tout faire et dont les jambes jouent vraiment très bien l’opérette. Sachez enfin, que Lucette, lâchée par son nègre qui file avec la négresse de Marius, épousera ce dernier, et que sa jumelle, qui répond au nom de Bigoudis et dont sa mère est coiffée, sera unie en justes noces à son séducteur.
[Extrait de "Comoedia", 21 juillet 1923]