Document
A propos du "Corsaire noir" (Yvain, 1958)
(d'après l'ANAO)
Historique
C'est l'Opéra de Marseille, dont la direction artistique était alors
assurée par Michel Leduc, qui prit l’initiative en 1958 de monter Le
Corsaire Noir, la dernière œuvre de Maurice Yvain. Ce dernier n’avait plus
écrit pour le théâtre depuis Chanson Gitane (1946).
Dans le programme de la création, on lit, sous la plume de Jean Valmy,
l’auteur :
"Il fallait créer
une équipe vibrante d'ardeur et de talent. Quelqu'un a su la
rassembler... Michel Leduc
Tout en cueillant d'une main dans le firmament théâtral, pour en faire
nos interprètes, les étoiles les plus resplendissantes, avec autant
d'aisance que s'il possédait son petit Spoutnik personnel, Michel Leduc,
de l'autre main, fit signe à Fost.
Et Fost, prenant sa palette, se mit à concrétiser des songes. J'avais
rêvé d'un cabaret à la Teniers pour le Bouge des Flibustiers, d'un
Velasquez pour la Fête à bord du Galion, d'un Watteau, pour le Carnaval
à Panama, d'eaux-fortes à la Collet pour le début du deuxième acte...
J'avais fait vingt rêves, puisqu'il y a vingt tableaux... et les voilà
tous exaucés ! Bravo, Fost.
Les décors peints, les costumes façonnés, les marionnettes rangées dans
le placard, il n'y aurait jamais de spectacle sans un montreur pour
tirer les fils. Michel Leduc appela Marcel Lamy.... Je l'ai vu se
penchant sur chaque scène, l'encre à peine sèche, l'étudiant,
l'adoptant, la "mouvant" ! Je l'ai vu ensuite jouant chaque rôle, tour à
tour ténor, mezzo, trial, choriste, machiniste, insufflant à tous sa foi
inlassable, sa passion pour la pièce de ce soir et pour le Théâtre de
toujours....
...Jamais un compositeur ne m'a fait souffrir autant que Maurice Yvain.
Il m'a cherché querelle à tout propos : pour une rime, pour une syllabe,
parce qu'il exigeait le mot "rien" là j'avais placé le mot "mais", parce
que je désirais inclure dans le premier acte un air qu'il n'acceptait
qu'au deuxième et à minuit moins vingt très précisément ! Bref, moulu,
harassé, torturé, exaspéré, je l'ai détesté cent fois et presque haï...
et chaque fois qu'il m'a joué un air nouveau de sa partition, je lui ai
tout pardonné, je lui ai dit ma reconnaissance et mon admiration.
Croyez-moi, un monsieur qui a écrit, vers 1920 "Mon Homme" célèbre sur
tous les continents et qui écrit en 1958, avec la même fraîcheur, la
même jeunesse d'inspiration la musique que vous allez entendre, c'est un
"grand monsieur", quelqu'un, sans doute, dans le genre, d'un certain
Offenbach."
La plupart des grands théâtres lyriques de France (sauf ceux de Paris),
de Belgique, de Suisse ont accueilli "Le Corsaire Noir".
L'argument
Acte I : Les Sables d'Olonne en 1864
L'action débute le jour où François, un jeune pêcheur, se fiance avec
Rosine, la fille de l'ancien corsaire N'à qu'un Sabord. La malchance veut
que Don Cristobal, l'ambassadeur d'Espagne en France traverse ce même jour
Les Sables d'Olonne. Il remarque la jolie Rosine, et, sans autre forme de
procès, la fait enlever par ses sbires commandés par Carlos, et ce, malgré
les efforts désespérés de François, accouru pour la défendre.
Au cours de la bagarre, François tue un des agresseurs. Accusé de
meurtre, il s'enfuit. Puis, apprenant que les ravisseurs et leur victime
font voile pour l'Espagne, il s'enrôle ainsi que son ami Séraphin et N'a
qu'un Sabord sur "La Bonne Etoile", capitaine Le Rouge. Le second du
capitaine est le lieutenant Dominique, qui n'est autre... qu'une
femme-pirate, aussi belle qu'énigmatique.
Dominique tombe amoureuse de François, qui ne s'en soucie guère,
préoccupé qu'il est par le sort qui menace Rosine.
À Madrid, la jeune fille est prisonnière de Don Cristobal. Jusqu'à
présent, elle a réussi à repousser ses avances. Nommé vice-roi de la
Nouvelle Grenade, Don Cristobal décide d'emmener Rosine avec lui.
À l'Ile de la Tortue, nous retrouvons François et ses compagnons. Le
jeune pêcheur est devenu un hardi flibustier. Grâce à ses gains, il achète
"La Bonne Etoile" au capitaine Le Rouge, sous les vivats des boucaniers, qui
saluent leur nouveau chef "Le Corsaire Noir". Par Kinya, une esclave noire,
capturée par les flibustiers, François apprend le départ de Rosine pour le
nouveau monde. Grâce à une ruse de Séraphin, le galion espagnol est pris et
Rosine délivrée.
Le bonheur des deux jeunes gens ne dure guère. Dominique n'a pas pardonné
à François l'indifférence qu'il lui témoigne. Elle décide d'aider Don
Cristobal à recouvrer la liberté et à enlever Rosine une seconde fois. A la
jeune fille, elle affirme que François est son amant. Ulcérée, Rosine fait
remettre une lettre de rupture à François et disparaît avec Cristobal.
Acte II
François se croit trahi jusqu'au moment où Dominique, prise de remords,
lui avoue la vérité. Avec ses compagnons, il se précipite à Panama, la
résidence de Don Cristobal. Au cours d'une fête donnée au Palais du
Gouverneur, il est reconnu et fait prisonnier. Don Cristobal n'a pas oublié
le service que lui a rendu Dominique accepte de rendre la liberté à
François.
Pendant tout ce temps, Rosine s'était retirée dans un couvent. Les
flibustiers n'ont pas le temps de la délivrer : elle est capturée par Carlos
qui, cette fois, agit pour son propre compte La découverte d'une épave
chargée d'or permettra de payer la rançon que le coquin réclame.
Ainsi les aventures mouvementées du Corsaire Noir et de ses compagnons
pourront se terminer par un triple mariage : François épousera Rosine, Don
Cristobal, la belle Dominique dont il est devenu amoureux, et Séraphin la
mignonne Kinya.
Distribution
A la création en 1958
Opérette à grand spectacle en 2 actes et 18 tableaux, de Jean Valmy.
Musique de Maurice Yvain.
Mise en scène de Marcel Lamy.
Maquette des décors et costumes de Raymond Fost.
Chorégraphie et ensembles réglés par Géo Stone.
Création : Opéra de Marseille, le 24 février 1958.
Avec :
Henri Legay (François), Xavier Depraz (Don Cristobal), Luc Barney (Séraphin), René Bourbon (Le Rouge), Raymond Armond (N'a qu'un Sabord)
Maria Murano (Dominique), Alberte Tinelli (Rosine), Nina Landa (Kinya).
Direction musicale : Jean Trik.
A la reprise en 1976
En décembre 1976, l'Opéra de Marseille remontait l'ouvrage dans une
nouvelle présentation.
Avec :
Micaël Pieri (François), Can Koral (Don Cristobal), Michel Dunand
(Séraphin), Elie Delfosse (Le Rouge), Jean-Claude Barbier (N'a qu'un Sabord)
Michèle Herbé (Dominique), Elisabeth Blasco (Rosine), Dany Luck
(Kinya).
Enregistrement
Il n'existe de la création du "Corsaire noir" qu'un disque vinyl
45T, regroupant 3 airs chantés par Henri Legay, sous la direction de Jésus
Etcheverry (Columbia ESBF 202).
C'est pourquoi les présents enregistrements, malgré leur technique souvent
défaillante, ont une incontestable valeur historique. Il ont été réalisés en
"pirate" lors de
la création à Marseille de 1958 (?) et lors de la reprise en tournée de 1976.
Ayant réussi à mettre la main sur une partition chant-piano complète, j'y ai ajouté en 2020 mon propre enregistrement, le seul véritablement intégral.
Mémoires
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Dans son livre de mémoires "Ma belle opérette" (La Table
ronde, 1962),
Maurice Yvain rappelle les circonstances de la création>> Lire l'extrait |
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