Document
A propos de "Toi c'est moi" (Simons, 1934)
La reprise 2005/2006 par la troupe des "Brigands"
Radio
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Emission Chanson Boum
(France Culture, 8 janvier 2006) |
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Enregistrement réalisé en public au Théâtre de l'Athénée Louis
Jouvet
les 21 et 22 décembre 2005, diffusé sur France Musique le 1er
janvier 2006 |
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Emission Etonnez-moi Benoît
(France Musique, décembre 2005) Avec Loïc Boissier |
Vidéo
Deux extraits vidéo
filmés lors de l'enregistrement du CD audio :
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Chanson des Palétuviers
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00:02:45
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Sélection |
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Dossier de presse
Toi c’est moi
Comédie musicale en deux actes
Musique de Moïse Simons
Livret de Henri Duvernois
Lyrics de Albert Willemetz, Messieurs Bertal-Maubon et Chamfleury créée le 19 septembre 1934 au Théâtre des Bouffes-Parisiens à Paris
version pour 10 chanteurs et 10 musiciens
avec l’aimable autorisation des Editions Choudens
Compagnie Les Brigands
direction musicale : Benjamin Lévy
mise en scène : Stéphan Druet
du 8 décembre 2005 au 14 janvier 2006
mardi 19h, du mercredi au samedi 20h
Relâche les lundis et dimanches (matinées exceptionnelles : dimanches 18 décembre et 8 janvier à 16h)
Location : 01 53 05 19 19
Plein tarif : de 36 € à 17 €
Tarif réduit* : de 30 € à 12 € *Moins de 30 ans, plus de 65 ans, demandeurs d’emploi sur présentation d’un
justificatif
Tarifs Jour J** : de 18 € à 8.5 €
**moins de 30 ans et demandeurs d’emploi (50% de réduction le jour même,
sur présentation d’un justificatif)
Carte Athénée Jeunes (10 €) : de 18 à 8.5 € (moins de 30 ans)
Durée : 2h15 entracte compris
Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Square de l’Opéra Louis-Jouvet 7 rue Boudreau 75009 Paris
Tél : 01 53 05 19 19 www.athenee-theatre.com
Services de presse
Athénée Théâtre Louis-Jouvet : zef - Isabelle Muraour Tél. : 01 43 73 08 88 Mail :
assozef@wanadoo.fr Port. : 06 18 46 67 37 Cie Les Brigands : Arlette Lang
Port. : 06 07 97 01 23 Mail :
alang.presse@worldonline.fr
Fiche artistique
direction musicale |
Benjamin Lévy |
mise en scène |
Stéphan Drue |
orchestration |
Thibault Perrine |
scénographie |
Florence Evrard |
costumes |
Elisabeth de Sauverzac |
lumières |
Philippe Lacombe |
chorégraphie |
Alma de Villalobos |
chef de chant |
Nicolas Ducloux |
Avec
Pat |
Loïc Boissier |
Pedro Hernandez |
Gilles Bugeaud |
Honorine |
Marie-Louise Duthoit |
Robinet En alternance |
Gilles Favreau Christophe Grapperon |
Maricousa |
Emmanuelle Goizé |
Bob En alternance |
Carl Ghazarossian Olivier Hernandez |
Pfitz |
Lionel Muzin |
Bédélia |
Francine Romain |
Lily |
Camille Slosse |
Viviane |
Jennifer Tani |
Coproduction : Compagnie Les Brigands, La Coursive - Scène Nationale La Rochelle
Coréalisation : Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Avec le soutien de l’ADAMI et de la SPEDIDAM et de la Fondation France Télécom
L’intrigue
On découvre dans un cabaret parisien Robert et Patrice, deux étudiants et amis
inséparables. C’est le premier, Bob, qui grâce à sa tante Honorine,
multimillionnaire, assure le train de vie des deux flambeurs. Honorine entend
justement mettre fin à la vie de débauche de son neveu et l’expédie dans une de
ses plantations tropicales. Elle charge Pedro Hernandez, le directeur de la
plantation, de traiter Bob à la dure. Ce dernier propose alors à Pat d’embarquer
avec lui et, histoire de rire, d’échanger leurs identités. Arrivé sur l’île, Bob se fait
passer pour le médecin personnel de Pat devenu Bob, et pendant que l’un trime,
l’autre flirte avec Maricousa, la fille d’Hernandez. Le gouverneur Robinet
débarque à son tour accompagné de sa fille Viviane. Pat, qui n’en peut plus,
télégraphie à la tante Honorine pour lui apprendre que son neveu est mourant.
Honorine débarque aussi sec, séduit Robinet, s’entiche de Pedro, découvre la
supercherie de son neveu, les malversations de son associé et les marivaudages
propres au climat des îles…
Le catalogue des airs
Acte 1 Ouverture Toujours pratique (Pat)
Vagabonde (Viviane) Je suis l'homme du soir (Bob)
Toi c'est moi (Bob, Pat) Adieu Paris (Ensemble) Afin de plaire à son papa (Maricousa)
Duo des baisers (Maricousa, Bob) Entrée du Résident
- La Plantation (Maricousa + Ensemble) Entre copains (Bob, Pat)
Final
Acte 2 C'est dégoûtant mais nécessaire (Pedro)
Moi tout faire pour te plaire (Bédélia) C'est ça la vie (Viviane)
La Leçon de solfège (Ensemble) Duo du rossignol (Maricousa, Bob)
Pourquoi donc lorsque l'on s'aime (Viviane, Pat)
Sous les palétuviers (Pedro, Honorine)
Mes compliments les plus sincères (Ensemble) Final
La création
Qui sont en dehors d’Yvain (Ta Bouche) et Christiné (Phi-Phi et Dédé) ces
innombrables musiciens qui font la richesse méconnue du Paris de l’entre-deux guerres
? Notre époque semble avoir oublié ces foisonnantes années 1920-1940,
peut-être trop proches.
Raoul Moretti, digne héritier d’Hervé à l’heure du swing, écrit pour l’impayable
Dranem et la jeune Arletty ; le polonais Joseph Szulc fait briller Jean Périer,
Edmée Favart, Koval, Gabin père et la jeune Mireille ; Tiarko Richepin, Gaston
Gabaroche… les parisiens d’adoption (l’espagnol Padilla, l’allemand Heymann)
laissent un répertoire aussi vaste que varié.
Dans cette époque de comédies musicales, les vents d’Amérique ne soufflent pas
seulement de Broadway. Le music-hall parisien connaît dans les années 30 un
regain de vitalité grâce au vent chaud des Caraïbes, qui fait danser le public aux
rythmes de la biguine et de la rumba. Principal promoteur de ces rythmes
nouveaux dans l’opérette parisienne, le compositeur cubain Moïse Simons donne
en 1934 Toi c’est moi ! l’un des meilleurs succès d’avant-guerre sur un livret
d’Henri Duvernois, des lyrics de Chamfleury, Bertal, Maubon et Willemetz bien
sûr.
Accents et couleurs harmoniques à la fois jazzy et latinos, dosage d’exotisme
sud-américain et afro-cubain, rythmes et mélodies bien chaloupés font de cette
partition une singulière réussite.
Créé au Théâtre des Bouffes-Parisiens que dirigent Willemetz et son beau-frère
Truchot, Toi c’est moi utilise toutes les bonnes recettes de la comédie musicale :
morceaux swing finement interprétés par les duettistes Jacques Pills et Georges
Tabet (Adieu Paris), morceaux sentimentaux par Simone Simon (Pourquoi donc
lorsque l’on s’aime), duos comiques (le fameux Duo des palétuviers par René
Koval et Pauline Carton)… sous la baguette de l’excellent Marcel Cariven.
Le succès est tel qu’un film est réalisé en 1936 par René Guissart.
La partition fait alterner les rythmes en vogue depuis plusieurs années avec les
danses nouvellement apparues. Le one-step tient toujours une bonne place avec
les deux duos chantés par Pills et Tabet, le tube "Pourquoi donc lorsque l'on
s'aime" et les célébrissimes "Palétuviers" (Pauline Carton et Koval) ; le fox
chanté par Koval "C'est dégoûtant mais nécessaire" est une autre forme aimée
du public ; la valse n'est pas oubliée avec l'air de Viviane "Vagabonde" ; mais ce
dernier rythme prend dans l'opérette qui nous occupe l'allure du boston - valse
anglaise - dans le "Duo des baisers", le "Duo du rossignol" ou encore l'air "Je suis
l'homme du soir". A défaut d'une rumba très orthodoxe, Moïse Simons introduit
dans sa partition un fox-rumba ("Moi tout faire pour te plaire"), une conga fort
réussie ("C'est ça la vie") et même une samba. Mais le tout s'intègre à des
morceaux plus classiques ("La Leçon de solfège") qui font dire à un critique de
l'époque que l'ouvrage constitue "un ensemble harmonieusement français sans
aucune défaillance".
Didier Roumilhac de la revue Opérette
Moïse Simons (La Havane, 1888 - Madrid, 1945)
Compositeur né à Cuba en 1888, Moïses Simons arrive à Paris précédé par la
notoriété d’une fameuse chanson The Peanut Vendor. L’opérette des Années
Folles aspire alors à l’exotisme. La couleur afro-cubaine, les rythmes chaloupés,
conga, rumba, valses et biguines marquent d'une véritable obsession le plaisir
parisien de 1934 à 1938 et séduisent Willemetz et Duvernois qui reconnaissent
chez ce nouveau venu « un musicien de grande classe ». Suivra notamment Le
Chant des Tropiques et son célèbre « Y a bon li doudou ».
Albert Willemetz (1887-1964)
Issu de la bourgeoisie parisienne, Willemetz étudie les lettres et le droit, devient
fonctionnaire puis journaliste et se marie en 1911 avec une artiste peintre. La
Belle Epoque est celle de ses débuts (un recueil de poèmes chez Grasset, une
première collaboration avec Guitry). Ce qui devait devenir son premier grand
succès était prévu pour le 11 novembre 1918 : l’opérette Phi-Phi (musique
d’Henri Christiné) sera créée le lendemain. Willemetz devient dès lors le roi des
années folles. Mistinguett est l’incontournable vedette de ces revues, créant des
chansons devenues immortelles : Mon homme (1920, extrait de Paris qui jazz),
En douce et La Java (1922, extraits de En douce). En 1921, autre succès avec
Dédé qui offre la vedette à Maurice Chevalier. Jean Gabin sera plus tard son
Arsène Lupin banquier. Durant les années 30, le parolier prend le dessus sur le
librettiste même s’il créée encore des opérettes pour Michel Simon notamment. Il
écrit ensuite pour Luis Mariano (1944), Fernandel, Bourvil (Elle faisait du striptease,
1958), Léo Ferré (Notre-Dame de la mouise, 1957), Les Frères Jacques
(La Violoncelliste, 1958). En 1964, il meurt laissant derrière lui une centaine
d’opérettes et près de deux mille chansons.
A propos de la chanson, Albert Willemetz disait : « Bien qu’elle soit fille de la
fantaisie, la chanson, petite soeur de la poésie, a des lois. Rien de plus facile à
faire qu’une chanson ; rien de plus difficile à réussir ».
Henri Duvernois (1875 - 1937)
Inutile d'ouvrir votre dictionnaire pour y chercher le nom d'Henri Duvernois : il
n'y figure plus depuis bien longtemps ! Mais si vous possédez une encyclopédie
en 20 volumes, vous pourrez lire que cet écrivain des Années Folles, à qui
l'Académie Française décerna son Grand Prix de Littérature en 1933, écrivit des
romans, des contes, des nouvelles, des comédies et même des opérettes. Il
signe également les dialogues de 5 films, dont Le Scandale de Marcel Lherbier, et
20 films furent tirés de ses oeuvres entre 1920 et 1950.
Repères biographiques
Compagnie Les Brigands
En 2000, Loïc Boissier ouvre avec Nicolas Ducloux la partition de Barbe-Bleue
d'Offenbach et propose à quinze de ses collègues du Choeur des Musiciens du
Louvre d'en monter une version légère sur la Scène Nationale de Montbéliard.
Benjamin Lévy dirige et Stéphan Druet met en scène. L’équipe s’organise en
2001 pour faire tourner ce spectacle une vingtaine de fois en France et
notamment sur les Scènes Nationales de St-Quentin-enYvelines, La Rochelle et
Martigues. Elle s’intitule Les Brigands du nom d’un des chefs-d’oeuvre
d’Offenbach. S’affirme par la suite le goût pour des pièces méconnues du
compositeur : ce sera en 2002, avec le soutien de la Fondation France Télécom,
Geneviève de Brabant et une première série de représentations au Théâtre de
l’Athénée à Paris, puis en 2003 Le Docteur Ox et une première captation
audiovisuelle (une heure de programme pour ARTE et un DVD récompensé d’un
Diapason d’or)
En 2004, Les Brigands font le choix d’une partition au titre insolite : Ta Bouche.
Cet ouvrage de 1922 est écrit pour neuf chanteurs : un format idéal pour le
Théâtre de l’Athénée où il est donné pendant un mois entier avec grand succès.
Au printemps 2005, ce spectacle bénéficie d’une nomination aux Molières, reçoit
le prix SPEDIDAM du meilleur spectacle musical, il est repris durant dix semaines
au Théâtre de la Madeleine à Paris et fait l’objet d’une captation pour le DVD et
France Télévision.
Pour la saison 2005/2006, Ta Bouche est donné près de 70 fois en tournée en
France, Suisse et Belgique, notamment au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon et
au Théâtre du Jeu de Paume à Aix-en-Provence. Les Brigands proposent par
ailleurs une nouvelle production de Toi c’est Moi, comédie musicale de 1934
signée de Moïse Simons pour 45 représentations dont trente à l’Athénée-Théâtre
Louis Jouvet à Paris.
Benjamin Lévy, direction musicale
Diplômé des CNSM de Lyon et de Paris (classes de percussion, analyse et
direction d'orchestre), il est régulièrement l'assistant de Marc Minkowski
(dernièrement au Festival de Salzbourg et cette saison à l'Opéra de Paris). Outre
ses activités avec la Compagnie Les Brigands, il s'est produit à l'Opéra de Dijon
et, récemment, au Juin Musical de Veracruz au Mexique.
Il fait ses débuts cette saison à l'Opéra de Lyon et est invité par l'Orchestre
Symphonique et Lyrique de Nancy.
Benjamin Lévy et les musiciens de la Compagnie Les Brigands ont créé la saison
dernière l'Orchestre de Chambre Pelléas, formation au fonctionnement collégial
qui s'est produite lors de la dernière Folle Journée de Nantes. Ils donnent cette
saison des concerts au Théâtre du Châtelet et à Grenoble.
Le Syndicat de la Critique Dramatique et Musicale a décerné à Benjamin Lévy le
Prix de la Révélation Musicale de l'Année 2005.
Stéphan Druet, mise en scène
Né en 1970, Stéphan Druet est comédien et metteur en scène. Formé à l’Ecole
du Passage de Niels Arestrup, il y découvre le travail du clown et crée la
Compagnie Les Octavio. Il crée la Compagnie Mélocotton, monte des numéros de
cabaret et écrit un texte qu’il met en scène : Le Retour sans Retard de Martin
Tammart. Suivent ensuite de nombreux spectacles dont des créations pour le
jeune public, des spectacles de danse sous la direction de Claire Sombert, et
plusieurs collaborations avec Jean-Louis Bihoreau. En 1998, il monte Femmes
d’attente de A. Evain, et signe avec Croquefer d’Offenbach sa première mise en
scène lyrique. En 2000, il met en scène le groupe vocal Indigo dans Parades. Il
signe cette année sa cinquième mise en scène avec la Compagnie Les Brigands.
Au théâtre, il a récemment monté George Sand et Montherlant.
Thibault Perrine, orchestration
Né en 1979, violoniste de formation, Thibault Perrine étudie l’harmonie avec
Jean-Claude Raynaud, l’écriture avec Thierry Escaich, l’orchestration avec Jean-
François Zygel, la direction d’orchestre avec Nicolas Brochot et la direction de
choeur avec Catherine Simon-Pietri.
Titulaire du diplôme de formation supérieure d’écriture au CNSM de Paris, il
partage son temps entre l’enseignement, la composition de nombreux
arrangements musicaux (pour le quatuor Ludwig, l’Orchestre National de France,
le festival d’Antibes-Juan les Pins, le festival de Pâques à Deauville…) et la
direction d’orchestre.
Depuis deux ans, il se spécialise dans l’arrangement d’opérettes pour des petites
formations instrumentales. Il a ainsi réorchestré La Vie parisienne de Jacques
Offenbach pour Opéra Éclaté, ainsi que Le Docteur Ox du même compositeur et
Ta Bouche de Maurice Yvain pour la Compagnie Les Brigands, spectacles qu’il
dirige occasionnellement.
Loïc Boissier, Pat
Dès 1995, il intègre le Choeur des Musiciens du Louvre et participe sous la
baguette de Marc Minkowski à de nombreux enregistrements ainsi qu'à des
productions telles que La Belle Hélène (Théâtre du Châtelet), Platée ou Giulio
Cesare (Opéra de Paris).
En 1998, il monte deux productions légères (Bagatelle et Croquefer d’Offenbach)
avant de créer en 2001 la compagnie Les Brigands. Durant l’été 2001, Il est
membre de l'Académie Européenne du Festival d'Aix-en-Provence et participe
comme choriste à la production des Noces de Figaro (Aix en 2001 et Tokyo en
2002).
Avec Les Brigands, il est Saphir dans Barbe-Bleue, Pitou dans Geneviève de
Brabant et Franz dans Le Docteur Ox (Athénée Théâtre Louis-Jouvet à Paris et
tournée en France). Désormais, il se consacre pleinement à la conduite de la
compagnie Les Brigands et, comme chanteur, s’amuse au gré des distributions à
prendre « ce qui reste ».
Gilles Bugeaud, Pedro Hernandez
Il chante un répertoire qui va de Jacques Offenbach à Leonard Bernstein, et
travaille sous la direction de Mireille Larroche, Philippe Hui, Dominique My, Eric
Krüger et Jean Lacornerie.
Aimant à mêler le théâtre et la musique, on a également pu le voir dans le
spectacle d'Alain Germain Notes de champagne, l'opéra pour enfants d'Isabelle
Aboulker La Petite sirène, ou encore la revue orientale Nel Haroun.
Passionné par le répertoire du cabaret, il a créé son one man show J'ai mangé
ma fourchette.
Pour la Compagnie Les Brigands, il a été Du Pas de Vis dans Ta bouche la saison
dernière à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet et au Théâtre de la Madeleine, et cette
saison en tournée.
Marie-Louise Duthoit, Honorine
Sur scène, elle chante sous la direction d'Hervé Niquet (Carmen, Le Triomphe
d'Iris), William Christie (Les Pélerins de la Mecque), Benjamin Lévy (La Fiancée
du scaphandrier), Gabriel Garrido (Idoménée, Les Indes galantes).
En concert, elle est dirigée par Gérard Lesne, Hervé Niquet (avec lesquels elle
enregistre plusieurs disques), Christophe Rousset, Patrick Cohen-Akenine (avec
l'ensemble Les Folies Françoises), Mirella Giardelli (avec Les Musiciens du
Louvre).
Elle prépare actuellement un récital intitulé Drôles de Dames avec le pianiste
Nicolas Ducloux.
Gilles Favreau, Robinet en alternance
En 1997, il rencontre à Limoges la troupe "La Java des Gaspards" avec qui il va
créer plusieurs spectacles (Au bon cabaret, A l'heure où l'on s'embrasse, La
Station Champbaudet).
Il joue également sous la direction de Philippe Labonne (Victor ou Les Enfants au
pouvoir), David Gauchard (Abel et Bela), Michel Bruzat (Le Misanthrope), Serge
Bonnafoux (L'Histoire du soldat) et crée le groupe de jazz vocal "Pentatonic".
Depuis 1999, il travaille avec le Conseil Régional et l'Education Nationale sur des
interventions de l'Orchestre Symphonique Régional du Limousin dans les lycées
agricoles et professionnels de la région.
Carl Ghazarossian, Bob en alternance
Il chante sous la direction de Marc Minkowski (Acis et Galatée au Festival de
Salzbourg), Jean-Claude Malgoire (Bastien et Bastienne au Théâtre du Châtelet,
Idoménée à l'Atelier Lyrique de Tourcoing, Les Noces de Figaro à l'Opéra de
Rennes), Olivier Desbordes (La Belle Hélène).
Il participe également à de nombreux récitals (Eglise St Séverin à Paris, Festival
de St Céré, Guildhall School of Music and Drama de Londres).
Il sera prochainement Amida dans L'Ormindo de Cavalli à l'Opéra de Rennes.
Emmanuelle Goizé, Maricousa
Elle chante sous la direction de Benoît Girault (Don Giovanni), Jérôme Savary (La
Périchole, La Vie parisienne), Benjamin Lévy (La Fiancée du scaphandrier).
Au cinéma, elle joue dans la comédie musicale Jeanne et le garçon formidable de
Jacques Martineau et Olivier Ducastel.
Elle a fait partie de toutes les créations de la Compagnie Les Brigands : Barbe
Bleue, Geneviève de Brabant, Le Docteur Ox, Ta bouche.
Sous la direction de Marc Minkowski, elle a interprété Papagena dans La Flûte
enchantée au Teatro Real de Madrid et sera prochainement la première sorcière
dans Didon et Enée au Théâtre du Châtelet.
Christophe Grapperon, Robinet en alternance
Sans jamais cesser de se produire comme soliste (Soli-Tutti, Les Jeunes Solistes,
Séquenza 9.3) ou chef d'orchestre au sein de nombreux ensembles, il intègre le
Choeur des Musiciens du Louvre en 1997, dont Marc Minkowski lui confie
récemment la direction.
Il supervise également la formation des choristes et des instrumentistes de
l'Académie de Musique de Paris.
Olivier Hernandez, Bob en alternance
Il chante au sein de différents choeurs (Choeur de l'Armée Française, Les
Musiciens du Louvre, Opéra de Lyon...).
En tant que soliste, il a joué pour le Festival d'Aix-en-Provence dans La Traviata
en 2004 et reprendra le rôle du marin dans Didon et Enée en 2006.
Il sera également Adam dans Il Primo Omividio de Scarlatti (Les Musiciens du
Louvre / Nouveau Studio de l'Opéra de Lyon).
Pour la Compagnie Les Brigands, il a été le Duc Sifroy dans Geneviève de
Brabant.
Lionel Muzin, Pfutz
Il fait ses premières armes en tant que comédien sous la direction de Denis
Llorca au CDN de Franche-Comté où il joue de nombreux textes du répertoire.
Il aborde le répertoire lyrique en interprétant entre autres Ba-Ta-Clan (Théâtre
du Ranelagh), Lady be good (Opéra Studio de Genève) et crée trois pièces
lyriques d'Isabelle Aboulker.
En oratorio, il chante La Messe du Couronnement de Mozart avec la Camerata
d'Europe et La Petite Messe Solennelle de Rossini avec le Choeur Régional Nord -
Pas de Calais.
Dernièrement, il a joué dans La Belle Hélène et Rigoletto (Festival de Saint Céré)
ainsi que dans La Vie parisienne (Opéra de Dijon, Théâtre Silvia Monfort) Pour le
Théâtre Impérial de Compiègne, il interprètera cette saison Djamileh et Haydée.
Pour la Compagnie Les Brigands, il a été Vanderprout dans Geneviève de Brabant
et Van Tricasse dans Le Docteur Ox.
Francine Romain, Bédélia
Elle est dirigée par Claude Bolling et Jérôme Savary dans A drum's a woman.
De nombreux festivals l'invitent pour le répertoire d'oratorio (La Chaise-Dieu,
Wissembourg, Festival d'Art Sacré de Paris...
Curieuse d'autres expériences, elle participe à Eau-forte de Valérie Joly (théâtre
musical), à Alexandre Nevsky (cinéma en concert) et à la musique de scène du
spectacle chorégraphique D'une rive à l'autre (Compagnie Azanie).
Elle a co-écrit et joue depuis 2003 Traces, création de cirque contemporain de la
Compagnie Ezec Le Floc'h.
Camille Slosse, Lily
Elle chante dans le Jeune Choeur de Paris, dirigé par Laurence Equilbey, sous la
direction de Pierre Boulez (Parsifal), D. Levi (Mass) et K. Ono (Symphonie de
psaumes). En 2004, elle a participé à la création du Luthier de Venise au Théâtre
du Châtelet. Par ailleurs, elle dirige le Choeur Administratif du Théâtre du
Châtelet. Pour la Compagnie Les Brigands, elle a été Mag dans Ta bouche la saison
dernière à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet et au Théâtre de la Madeleine, et cette
saison en tournée.
Jennifer Tani, Viviane
Elle chante au Festival d'Edimbourg (Don Giovanni), à l'Opéra de Nancy (Albert
Herring), au New Athenaeum Theater de Glasgow (Carmen), au Festival d'Aixen-
Provence (La Cenerentola sous la direction de Laurence Equilbey), à l'Opéra
de Massy (Ariane à Naxos), à l'Opéra de Montpellier (Le Barbier de Séville).
Elle a créé le spectacle lyrique La Vie privée des anges au Théâtre du Lucernaire
et donne régulièrement des récitals de musique espagnole et sud-américaine.
Récemment, elle a été dirigée par Marc Minkowski dans La Grande Duchesse de
Gerolstein au Théâtre du Châtelet.
Tournée de Toi c’est moi
-
CREATION à La Rochelle – La Coursive / Scène Nationale
mardi 8 et mercredi 9 novembre 2005 à 20h30
réservations : 05 46 51 54 02
-
St-Quentin – Théâtre Jean Vilar
samedi 12 novembre 2005 à 20h30
réservations : 03 23 62 36 77
-
Compiègne – Théâtre Impérial dimanche 20 novembre 2005 à 17h30
réservations : 03 44 40 17 10
-
Martigues – Les Salins / Scène Nationale samedi 26 novembre 2005 à 20h30 et dimanche 27 novembre 2005 à 15h
réservations : 04 42 49 02 00
-
Villefranche-sur-Saône – Théâtre
vendredi 2 décembre 2005 à 20h30
réservations : 04 74 68 02 89
-
St-Louis (68) – Théâtre La Coupole
vendredi 20 janvier 2006 à 20h30
réservations : 03 89 70 03 13
-
Privas (07) – Théâtre
samedi 28 janvier 2006 à 20h30
réservations : 04 75 64 93 39
-
Niort – Le Moulin du Roc / Scène Nationale
mercredi 1er février 2006 à 20h30
réservations : 05 49 77 32 32
Images
Revue de Presse
Le Journal des Spectacles Par Caroline Alexander (09.12.2005)
www.webthea.com
Toi c’est moi Friandises enrobées de rumba
Réservez vos places : les Brigands sont revenus. Pour
la cinquième fois depuis le début de ce vingt et unième siècle, ils
s’installent au Théâtre de l’Athénée avec dans leurs malles une opérette
pour faire danser la fin de l’année. Après les succès de Geneviève de
Brabant et du Docteur Ox d’Offenbach, après le triomphe de Ta Bouche de
Maurice Yvain qui n’en finit pas de tourner et qui vient d’être édité en
DVD, voici Toi c’est Moi, fantaisie exotique sur une musique de Moïse
Simons qui est cubain comme son nom ne l’indique pas, un livret de Henri
Duvernois et des lyrics pot pourri d’Albert Willemetz, Bertal-Maubon,
Chamfleury, étoiles des années folles, vedettes incontournables des
divertissements chantés-dansés de l’entre-deux-guerres.
Sérieux s’abstenir !
Il y a Robert et Patrice, dits Bob et Pat, inséparables fêtards,
flambeurs et gais lurons qui dilapident sans scrupule la fortune
d’Honorine, la tante milliardaire du premier. Laquelle décide de lui
donner une leçon en l’envoyant dans une plantation tropicale dont elle
est propriétaire. En prenant soin de recommander à son directeur de
faire travailler à la dure son paresseux neveu. Chemin faisant, en route
pour l’île aux palmiers et palétuviers, les deux copains ont l’idée de
mitonner une farce en échangeant leur identité. « Toi, c’est moi »...
Pat devient Bob qui se voit condamné à trimer comme... un nègre. Bob
devient Pat qui se fait passer pour le médecin du neveu... Ce qui,
immanquablement, entraîne mille quiproquos entre le directeur de la
plantation, sa ravissante fille, un gouverneur de passage également
flanqué d’une fille, un conseiller véreux et la tante en personne qui
débarque sans s’annoncer. Sérieux s’abstenir ! Tout cela roucoule et se
déhanche aux rythmes des biguines et des rumbas, des bostons et des
fox-trot, tout un florilège latino-jazzy qui met des fourmis dans les
jambes et de la chanson au bout des lèvres, « Je suis l’homme du soir »,
« Adieu Paris », « C’est dégoûtant mais nécessaire », « Toi c’est Moi »,
« Sous les palétuviers : je te veux sous les pas, je te veux sous les
lé, les palétuviers roses - aimons-nous sous les parus, prends-moi sous
les laitues, aimons-nous sous l’évier »... Des sottises en friandises à
consommer sans modération.
Des tenues folles
On retrouve avec bonheur quelques-uns des irrésistibles «
pensionnaires » des Brigands : l’adorable Emmanuelle Goizé en Maricousa,
fille des îles délurée, la verve pince sans rire de Gilles Bugeaud, la
fausse nonchalance de Loïc Boissier, la frimousse de Camille Slosse.
Auxquels se joignent ici, Gilles Favreau en snob aux allures de
demi-mondain, la pulpeuse Jennifer Tani, Marie-Louise Duthoit véritable
dynamite de fantaisie ou encore Lionel Muzin, gangster en bonhomie
cauteleuse. Benjamin Levy, le jeune maestro qui a le vent en poupe
(sacré révélation de l’année par le Syndicat de la Critique Musicale, «
moliérisé » avec Ta Bouche au titre de meilleur spectacle musical...)
visiblement s’amuse à dynamiser les partitions astucieusement
réorchestrées par Thibault Perrine pour les dix musiciens de l’ensemble.
Si la mise en scène de Stéphan Druet est sans surprise, si les décors
version en cartons-pâte technicolor ont un air déjà vu de cartes
postales kitch, le bonheur vient des incroyables costumes d’Elisabeth de
Sauverzac qui, une fois de plus, invente des tenues folles où
l’extravagance débridée se conjugue à l’élégance...
ConcertoNet Par Simon Corley (14.12.2005)
www.concertonet.com
Les Brigands ont encore frappé
Après Barbe Bleue puis un mémorable Docteur Ox d’Offenbach et un étincelant Ta bouche de Maurice Yvain (voir ici), les Brigands ont encore frappé. Continuant leur progression dans le temps, ils ont cette fois-ci jeté leur dévolu sur Toi c’est moi (1934) de Moïse Simons. Rodée comme de coutume hors de la capitale, cette production arrive à l’Athénée (Théâtre Louis-Jouvet) pour trente représentations, d’où elle repartira pour quelques étapes supplémentaires en
province.
La recette de la Compagnie Les Brigands est désormais bien connue : une pièce légère qu’une troupe jeune et motivée s’attache à faire redécouvrir au public, une adaptation instrumentale réalisée par Thibault Perrine pour un petit ensemble (dix musiciens), une direction alerte, rebondissante et tranchante de Benjamin Lévy, des rythmes entraînants qui inspirent les chorégraphies d’Alma de Villalobos, une intrigue farfelue qui sert de prétexte à une mise en scène inventive de
Stéphan Druet.
Originaire de La Havane, Moïse Simons (1888-1945) mêle la rumba à la tradition française (La leçon de solfège) et aux influences américaines (Tu n’es qu’un salaud). Son écriture, qui démontre une indéniable habileté harmonique, fait mouche : toutes les opérettes ont-elles laissé deux «tubes» à la postérité ? Outre la chanson-titre créée par Pills et Tabet, Toi c’est moi renferme en effet Sous les palétuviers, immortalisé par Pauline Carton et René Koval. Cela étant, malgré une
première (aux Bouffes parisiens) dont l’affiche fait rêver – aux quatre susnommés se joignaient Ginette Leclerc et Simone Simon ainsi que Marcel Cariven à la baguette – il est difficile de ne pas penser que cette «comédie musicale» en deux actes le cède en finesse, en substance et en ironie par rapport à Ta bouche. Les lyrics sont certes dus à l’inévitable Albert Willemetz, associé à Bertal-Maubon et Chamfleury, mais le livret boulevardier et grivois de Henri Duvernois manque trop souvent de
cette rigueur indispensable au ressort comique.
Du coup, l’attention se porte davantage sur les décors de Florence Evrard, qui cultivent résolument les clichés coloniaux véhiculés par la pièce avant de basculer dans l’onirisme d’une forêt vierge très stylisée. Quant au plan incliné, il n’est pas ici la figure obligée de tout plateau moderne, mais il traduit l’évolution de personnages qui dérapent et se laissent glisser sous l’effet des délices des tropiques. Les costumes d’Elisabeth de Sauverzac subissent une
transformation parallèle, depuis les mondanités années 1930 du cabaret parisien jusqu’au délire coloré de la réception chez le résident général.
Côté vocal, un manque d’homogénéité trahit les formations et expériences disparates des dix chanteurs : les plus convaincants demeurent les «anciens» de la compagnie, à commencer par le duo père-fille formé par Emmanuelle Goizé (Maricousa) et Gilles Bugeaud (Pedro), auxquels il convient d’ajouter Loïc Boissier (Pat) mais aussi Marie-Louise Duthoit (Honorine). Ceux qui tentent de faire valoir des voix plus travaillées, plus «opératiques», comme Jennifer Tani (Viviane), Carl
Ghazarossian (Bob) ou Francine Romain (Bédélia), passent paradoxalement moins bien la rampe. Mais l’ensemble joue avec conviction, de telle sorte que les deux heures de ce spectacle offrent un moment de détente sans prétention.
Le Figaro Armelle Héliot (13.12.2005)
www.figaro.net
Le bonheur sous les palétuviers
Après le succès formidable de Ta Bouche, la dynamique compagnie Les Brigands a évidemment quelque mal à trouver des ouvrages qui puissent convenir à nos goûts d'aujourd'hui et égaler la formidable énergie qui se dégageait de la mise en scène de Stéphan Druet, de la direction de Benjamin Lévy, de l'interprétation de la troupe.
Si l'on ne peut cacher – et les artistes le ressentent aussi bien que nous – un peu de difficulté à l'allumage, la deuxième partie de la soirée égale les meilleurs moments de Ta Bouche et l'on est certain qu'au fil des représentations un rythme nouveau va s'imposer sinon dans la direction musicale, excellente de la première à la dernière note, du moins dans le mouvement même de l'accroche, dans le jeu, dans le ton. On ne saurait faire un irrésistible chef-d'oeuvre
d'une opérette de 1934 qui a un peu vieilli mais qui appartient au répertoire et a été transmise aux jeunes générations par le film qu'en tira René Guissart et qui donna à la chanson Sous les palétuviers la prospérité qu'elle mérite.
Il est d'ailleurs assez savoureux qu'en plein débat sur la colonisation on puisse, sans s'offusquer – se choquer n'aurait aucun sens – donner aux îles des langueurs proches de la paresse... Ici, on s'amuse. On est dans l'imaginaire. La représentation. Le librettiste est de toute façon beaucoup plus caustique avec les métropolitains affairistes et écervelés qu'avec les Antillais.
On se prend au jeu, à l'intrigue simplette, car, dans le beau décor de Florence Évrard, les costumes éclatants d'Elisabeth de Sauverzac, soutenus par les musiciens étincelants sous la vive et sensible direction – répétons-le ! – de Benjamin Lévy, les interprètes se plient avec belle humeur et grand talent aux facéties imaginées par Stéphan Druet. Il faudrait citer chacun mais le seul Gilles Bugeaud suffirait à notre bonheur, si bien accompagné par Emmanuelle Goizé,
Marie-Louise Duthoit et leurs camarades, tous épatants sous les palétuviers... roses !
Le Monde Renaud Machard (19.12.2005)
www.lemonde.fr
A la fin des années 1920, le duo comique Sous les palétuviers fut un grand succès. Mais rares sont ceux qui savent le nom de l'auteur de cette musique. Car on a aujourd'hui oublié Moïse Simons (1888-1945), juif cubain débarqué à Paris, le cartable à musique plein de rythmes latinos et qui allait, avec Toi c'est moi (1934), à partir d'un livret d'Henri Duvernois, être l'auteur d'un des succès les plus retentissants de la comédie musicale à la française.
Ecrite pour les célèbres duettistes Pills et Tabet, Simone Simon et Pauline Carton, Toi c'est moi est une histoire exotico-coloniale qui fit un tabac pendant 344 représentations. Le succès sera tel qu'un film en sera tiré, en 1936, ainsi que le rappelle Benoît Duteurtre dans de très intéressants articles du numéro spécial de L'Avant-Scène Théâtre (numéro double 1191-1192, 151 pages, 14 euros).
Les dialogues et les "lyrics" regorgent de quiproquos, de doubles sens à peine "floutés" et de tous les plus délicieux mauvais jeux de mots typiques de cette époque, où les plaisanteries "y'a bon" de républiques bananières faisaient hurler, mais de rire. Lorsque la domestique noire Bédélia chante l'air Moi tout fair' pour te plair' toujours, on frémit un peu, mais la salle aime cette tendre romance au texte très peu politiquement correct dont on n'est pas certain du degré
auquel il se situe... Pour se replonger dans cette époque qui avait le béguin pour la biguine, on conseillera l'écoute de l'anthologie Amour, bananes et ananas publiée par Frémeaux & Associés (2003).
La musique de Moïse Simons a de la science, mais a aussi le tour de rein popu et cambré, calé sur le rythme des congas, sambas et autres rumbas à la mode. Au second acte, il y a un numéro impayable pour Viviane, l'un des rôles principaux, C'est ça la vie, c'est ça l'amour, où l'on trouve ces vers de mirliton en chef : "Carmencita la Gitana/Retrouva son toréador/ell' pardonna/Voulant qu'il la réador'."
Rien que pour cela on adore Toi c'est moi — et il y a vingt autres raisons de l'aimer. Le bouche-à-oreille a fait des petits spectacles musicaux de la compagnie Les Brigands la coqueluche du public, à Paris et en province.
En 2004, elle a connu le succès avec une longue série de représentations de Ta bouche, de Maurice Yvain, enregistré sur DVD et qui est diffusé ce mois-ci à la télévision (sur France 2 le 26 décembre, sur Mezzo les 29 et 30 décembre et le 1er janvier). Toi c'est moi, qui est programmé jusqu'à la mi-janvier au Théâtre de l'Athénée (diffusion sur France Musique le 1er janvier) semble aussi promis à un avenir radieux.
Ce succès serait vraiment mérité si le metteur en scène Stéphan Druet faisait l'effort de canaliser et de redresser le jeu parfois un rien débraillé et lourdingue de ses pourtant excellents jeunes comédiens-chanteurs et de résister à l'illustration trop littérale d'une grivoiserie qui, ainsi traitée, devient vulgaire. C'est à ce prix-là que les dessous affriolants de Toi c'est moi peuvent révéler leur vraie matière, qui est de la dentelle.
Après "Ta Bouche" la saison dernière, les Brigands nous offrent une nouvelle soirée merveilleuse au théâtre de l'Athénée avec "Toi c'est Moi". La musique et l'orchestration sont plaisantes et variées, le livret se tient, les dialogues et les chansons sont désopilants. Dans des décors simples et efficaces, les Brigands campent des personnages bien typés dans une ambiance qui a la chaleur des années 30 et de l'exotisme colonial.
Les voix choisies sont plus ou moins lyriques ou "comédie musicale". Dans cette dernière catégorie, Emmanuelle Goizé a un abattage et un naturel fabuleux mais aussi une remarquable efficacité vocale. Avec moins de voix mais autant de verve scénique, Gilles Bugeaud compose un truculent directeur de plantation. Loïc Boissier, fondateur de la troupe, campe bien son personnage. Carl Ghazarossian, à la technique plus lyrique, ne maîtrise pas pour autant ses aigus mais peu
importe. Francine Romain canalise son potentiel lyrique en une composition très réussie. Marie-Louise Duthoit combine qualités vocales et caractérisation très expressive.
Benjamin Lévy et son orchestre sont totalement immergés dans ce style musical dont ils rendent toutes les inflexions avec une énergie inépuisable. Pas de temps mort non plus dans l'intelligente et efficace mise en scène de Stéphan Druet.
Sous les pas, sous les tu, sous l’évier
C’est reparti mon kiki. Après un an de triomphe sur « Ta bouche », Les Brigands changent de titre mais non de genre. Adieu casinos de la Riviera, bonjour plantations tropicales, nids d’amour plus colorés. Succès phénoménal aux Bouffes-Parisiens en 1934, « Toi c’est moi » marie sans effort rumbas et sambas exotiques du jeune compositeur cubain Moïse Simons au potache radieux de l’opérette années folles « sous les palétuviers ». Sept décennies plus tard, gageons que tout Paris
passera l’hiver « sous les pa pa pa pa, les pa pa les tu tu / Sous les palétuviers / Ah ! Je te veux sous les pas, je te veux sous les lé / Les palétuviers roses / Aimons-nous sous les palus, prends-moi sous / Les laitues, aimons-nous sous l’évier ». C’est quand même autre chose qu’« une aventure mexicaine sous le soleil de Mexico », non ?
« Toi c’est moi », comédie musicale de M. Simons et H. Duvernois, par la compagnie Les Brigands, dir. Benjamin Lévy, mise en scène Stéphane Druet.
Une opérette sous les tropiques sur des rythmes frénétiques… Un concentré de bonne humeur et d’énergie qui offre au public un voyage dans le temps du music hall du Paris des années 30…
Bob et Pat sont deux inséparables noceurs davantage habitués aux ronds de jambes qu’aux ronds-de-cuir. L’un est riche des rentes allouées par sa tante, l’autre profite en pique-assiette amical des bienfaits de son compagnon de débauche. Mais la tante de Bob décide de mettre le haut-là en envoyant son neveu dans une colonie au bout du monde. Bob accepte la mort dans l’âme mais en profite pour lire la lettre de recommandation à destination du propriétaire de la plantation.
Directives de sa tante : le faire travailler comme un forcené sans égards pour sa condition. Heureusement Pat est là et comme « toi c’est moi », il va pouvoir prendre l’identité de Bob, sans se douter de la mauvaise surprise que lui joue son ami. Arrivés à bon port, Pat trime comme un esclave pendant que Bob folâtre avec la fille du propriétaire, Maricousa. Mais quand Pat apprend le subterfuge, il appelle la tante de Bob à la rescousse pour remettre de l’ordre. Mais il n’est pas toujours
facile de garder son sang-froid sous les palétuviers et Honorine se laisse gagner à son tour par la langueur du climat… Marivaudage généralisé sur un air de fox-rumba…
La pièce musicale doit ses rythmes exotiques et entraînants à Moïse Simons, compositeur cubain. Créé en 1934, Toi c’est moi connaît un succès immédiat et pour cause ! Tous les ingrédients sont réunis pour emballer le public et le rallier au spectacle. La musique alterne entre rythme afro-cubain et mélodies plus douces sur laquelle vient se greffer des paroles (le livret est signé Henri Duvernois) qui font mouche par leur drôlerie et leur causticité. Le premier tableau plonge
le spectateur dans l’ambiance des cabarets de l’entre-deux-guerres pour tomber au suivant dans le dépaysement coloré d’une île aux faux airs de paradis terrestre. Les artistes se régalent sur scène. A la fois chanteurs, danseurs, comédiens, les facettes de leur talent se multiplient pour offrir au public un moment rare. Interprété par la Compagnie Les Brigands, Toi c’est moi risque le même succès qu’avait connu Ta bouche, joué par les mêmes brigands. Chacun apporte sa petit note piquante aux
scènes pour nourrir une pièce festive et ensoleillée qui tombe à pic dans cette fin année hivernale…
Paris à l'heure des Tropiques Une fantaisie loufoque et rythmée qui fleure bon les années 1930
1934. Sale temps sur la France, entre l'affaire Stavisky,
les manifestations du 6 février, les assassinats d'Alexandre Ier de
Yougoslavie et de Louis Barthou. En ces heures sombres, l'opérette demeure
un divertissement prisé. Le 19 septembre, aux Bouffes Parisiens, a lieu la
création de « Toi c'est moi » par une troupe de haut vol, Pills et Tabet,
Simone Simon, Ginette Leclerc. Une folie exotique sur un livret d'Henri
Duvernois, qui connaît un franc succès, relayé par le cinéma deux ans plus
tard.
Le compositeur ? Un Cubain d'origine juive, Moïses Simons.
A son palmarès, une chanson qui a fait le tour du monde, « The Peanut Vendor
». Sur une intrigue gentiment loufoque - deux amis qui échangent leur
identité - dont les couleurs colonialistes ont été en partie gommées, il
plaque une partition pétillante mais aujourd'hui passablement datée et qui
serait sans doute tombée dans l'oubli sans un certain duo « des palétuviers
» devenu culte dans l'interprétation de sa créatrice, Pauline Carton. Après
les réussites du « Docteur Ox » et de « Ta Bouche », voici Les Brigands de
retour, cette compagnie qui sait si bien monter ce répertoire avec la
distance qu'il faut pour éviter un premier degré balourd.
Manque d'unité musicale
Adroitement lifté, « Toi c'est moi » conserve son tonus, mais ne peut
masquer son manque d'unité musicale - cette comédie à couplets reste une
suite de chansons. Et puis, et ceci sans chauvinisme aucun, Simons n'est ni
Henri Christiné, ni Maurice Yvain. Mais, en sa compagnie, on ne s'ennuie
guère. D'autant que Benjamin Lévy, qui règne sur les dix musiciens
nécessaires à l'orchestration pimpante de Thibault Perrine, se démène comme
un diablotin, et que Stephan Druet a, comme toujours, signé une mise en
scène pleine de verve et d'esprit dans l'amusante scénographie conçue par
Florence Evrard. Autour du dynamique fondateur des Brigands, Loïc Boissier(Pat),
les fidèles sont là, Emmanuelle Goizé en tête, fraîche Maricousa, Gilles
Bugeaud, qui, avec Marie-Louise Duthoit, impayable Honorine, se déchaîne
sous les palétuviers. Il arrive à Carl Ghazarossian (Bob) de ne pas oublier
qu'il est un ténor d'opéra, mais il est vrai que la plupart des membres de
la troupe ont pratiqué le chant classique et baroque, et certains s'y
adonnent encore. Jennifer Tani (Viviane), Francine Romain (Bédélia), Gilles
Favreau (Robinet) leur emboîtent le pas sans hésiter. Le public est ravi et
en redemande.
Après Ta bouche, les deux complices Benjamin Lévy et Yves Druet
récidivent avec Toi c’est moi.
Amours, coquillages et crustacés dans une plantation coloniale.
C’est reparti comme en 34. Tante richissime et ami
ingrat, cocottes de luxe et amours sincères, érotomanie policée et
allusions grivoises, autant de recettes qui ont conduit la comédie
musicale Toi c’est moi à connaître un succès retentissant lors de sa
création. Complices de toujours, Bob et Pat courent les cabarets
parisiens, les soirées à la mode et les filles faciles grâce à
l’inépuisable planche à billets d’Honorine, la tante de Bob. Histoire de
ne plus passer pour le dindon de la farce, cette dernière décide de
donner une petite leçon à son neveu débauché en l’envoyant dans une de
ses plantations antillaises. Elle veut lui faire goûter à la férule de
son homme de main, Pedro Hernandez. Mais, à malin, malin et demi, Bob
intercepte un courrier qui dévoile tous ces plans, propose à Pat, son
décidément bien bon copain, de l’accompagner et d’échanger leurs
identités... Une façon comme une autre, dit-il, de se distraire un peu.
Plutôt de laisser passer l’orage.
Une dose de vulgarité, une pincée de racisme, la
fable possède une grande partie des ingrédients du divertissement
bourgeois de l’entre-deux-guerres. Heureusement, le temps a passé, et
c’est bien l’homme blanc qui en prend pour son grade. Restent un livret
d’une rare cruauté, des chansons caustiques, un sens de la formule et
une joie que la Compagnie des Brigands réussit à transmettre avec
maestria. Après avoir rempli l’Athénée et la Madeleine, Benjamin Lévy
pour la direction musicale et Stéphan Druet pour la mise en scène
continuent, après Ta bouche, de rafraîchir un genre qui, sous d’autres
mains, sentirait le renfermé. Certes, on peut regretter un début un peu
terne (il vient sans doute de la dramaturgie), qu’une partie de la
troupe soit plus douée pour la chansonnette que pour la comédie et
inversement mais, emmenée par la fougue, l’espièglerie et la présence de
Marie-Louise Duthoit (adorable Honorine) et Gilles Bugeaud
(charismatique Hernandez), elle n’en finit plus d’entraîner le public
dans un monde coloré et baroque. Le charme discret de la distraction.
A Paris, la troupe les Brigands ressuscite un bijou
délirant sur le thème des colonies.
Joyeux Tropiques
Découverte avec Geneviève de Brabant d'Offenbach, la
compagnie les Brigands enchante désormais les Parisiens toutes les fins
d'année avec une nouvelle production d'opérette, portant le genre à des
sommets d'exigence musicale et scénique. Après Dr Ox, toujours
d'Offenbach, d'après Jules Verne, on saluait l'an dernier l'excellence
de Ta bouche, de Maurice Yvain, Mirande et Willemetz.
Comme décomplexés par la verdeur de ce vaudeville
balnéaire, les Brigands y déployaient un métier stupéfiant, sans se
départir d'un idéal d'élégance parisienne oublié. Repris au théâtre de
la Madeleine, et désormais disponible en DVD, Ta bouche a consacré un
retour notable de l'opérette.
Qui profite également au ténor Roberto Alagna, qui
figure actuellement parmi les meilleures ventes françaises de disques
(200.000 exemplaires déjà écoulés de son album Roberto Alagna chante
Luis Mariano). A cette différence près que les ouvrages légers de
l'entre-deux guerres exhumés par les Brigands sont d'une autre modernité
que les resucées de Francis Lopez.
Canne à sucre. En pleine jet-set mania, Ta
bouche en remontrait aux lecteurs de Voici avec son cortège de gigolos
pathétiques, fausses comtesses et langues de putes sur fond de casinos
pourris. Toi c'est moi, créé début novembre à La Rochelle tombe tout
aussi à pic, en plein débat national autour de l'enseignement de
l'histoire coloniale.
Presque dix ans après la première Revue nègre et
trois ans après la grande Exposition coloniale, Toi c'est moi fit un
succès au théâtre des Bouffes-Parisiens où il fut créé en 1934 et
l'opérette fit aussitôt l'objet d'un film dans lequel Pauline Carton se
distingua en coquine.
Oublié depuis, comme son compositeur, Moïse Simons,
Toi c'est moi mêle avec un humour fou, sur fond de plantations de canne
à sucre, intrigues amoureuses, arrivisme social et corruption des
fonctionnaires, à partir d'un échange stratégique d'identités entre deux
meilleurs amis, autorisant les quiproquos les plus loufoques. Ce qui
aurait pu n'être qu'une pantalonnade raciste touche, sous la plume du
librettiste Henri Duvernois et de l'orfèvre du livret Albert Willemetz,
à la comédie sophistiquée.
Le choix du compositeur Moïse Simons fut déterminant.
Né à La Havane en 1888, le musicien est déjà auréolé du succès radio
planétaire de sa chanson El Manisero (« le vendeur de cacahuètes»)
lorsque, avec Toi c'est moi, il introduit le Paris des «années folles» à
la conga cubaine. C'est cette savante fusion d'harmonie française, de
biguine, de rumba et de jazz américain qu'on découvre aujourd'hui, dans
une remarquable orchestration pour seulement dix musiciens, de Thibaud
Perrine.
Avec leurs faux airs de génériques et données toutes
lumières allumées, les ouvertures des deux actes sont, sous la baguette
de Benjamin Lévy, des moments de pure virtuosité instrumentale. Pendant
deux heures, on est confondu par la mise en place rythmique, l'éloquence
des phrasés et la richesse des alliages de timbres.
Tableaux léchés. Le casting vocal, également
composé de transfuges des ensembles de Minkowski et Christie, ainsi que
de jeunes solistes entendus à Lyon ou à Aix, est, une fois de plus,
judicieux : un tel niveau de caractérisation musicale et physique, de
surcroît dans le périlleux registre de la comédie délirante, cela ne
s'invente pas.
La mise en scène de Stephan Druet enchaîne les
actions dans une ronde infernale de poursuites au cordeau,
chorégraphiant langueur caraïbe et frénésie sexuelle en fils spirituel
de Lubitsch, régalant de tableaux léchés autant que d'acuité morale...
Sous les palétuviers, le rêve.
Sous les palétuviers
L'an dernier à la même époque, Ta bouche. Cette année
Toi c'est moi, toujours à l'Athénée. Cette petite cure d'opérette au
moment des fêtes est décidément très chouette. Pour avoir l'air branché
on va dire que c'est un peu kitsch et délicieusement rétro. Mais, à la
vérité, le plaisir qu'on y prend va au-delà de ce jugement un rien
condescendant. Il y a dans Toi c'est moi une jeunesse, une énergie, une
gaieté, une absence de complexes rafraîchissantes. Et puis et surtout
une partition musicale assez étonnante. Ce Moïse Simons, que personne ne
connaît plus, juif cubain arrivé à Paris dans les années 30 pour faire
avec son orchestre les beaux soirs de la Coupole, s'associa aux
meilleurs professionnels de l'époque : le romancier Henri Duvernois pour
le livret, Albert Willemetz et quelques autres pour les lyrics, et cela
donna en 1934 une opérette inclassable, créée aux Bouffes-Parisiens par
Pils et Tabet, Simone Simon, Pauline Carton, etc. Quelle affiche !
Nostalgie...
Inclassable, mais drôlement intéressante sur le plan
musical. Toutes sortes d'influences s'y rejoignent : africaine, cubaine,
jazzy, classique aussi, tantôt dans les airs savoureux dont le plus fou
a résisté au temps - il s'agit de l'inénarrable Sous les palétuviers -,
tantôt dans des intermèdes orchestraux très séduisants comme celui qu'on
a remarqué peu après le début du second acte. Ce Simons avait un vrai
talent. L'orchestration de l'oeuvre par Thibault Perrine, pour la
dizaine d'excellents musiciens qui sont dans la fosse, et la direction
du jeune chef Benjamin Lévy sont épatantes et très accomplies. C'est le
point fort du spectacle.
Pour le reste, celui-ci souffre, c'est vrai, de
quelques faiblesses : des premiers tableaux assez poussifs, des voix qui
ne sont pas toujours d'égale qualité - on ne parle pas pour Emmanuelle
Goizé ni pour Gilles Bugeaud -, une scénographie qui n'est pas forcément
impeccable. Peu importe. Cette compagnie des Brigands que dirige Loïc
Boissier a une âme, une sincérité et une saveur, elle nous donne du
bonheur.
Un mot encore. C'était quand même une époque
extraordinaire, ces années 20, cet entre-deux-guerres. Ce cynisme, cette
liberté de parole, ce goût du plaisir et cette obsession de l'argent,
cette absence de morale ! A chaque temps sa vulgarité. Eh bien,
bizarrement, celle de ce temps-là est plus sympathique que celle
d'aujourd'hui parce qu'elle est plus franche. Elle ne s'embarrassait pas
du politiquement et du moralement correct. Et de surcroît sa musique
légère avait une finesse, une gaieté et un charme disparus. Nostalgie
toujours...
Theatre on Line Manuel Piolat Soleymat (12.12.2005)
www.theatreonline.com
Sous les palétuviers
De cette comédie musicale d’Henri Duvernois (livret), Moïse Simons
(musique), Albert Willemetz, Bertal-Maubon et Chamfleury (lyrics), il ne
restait guère que le fameux « Ah ! je te veux sous les pa, Je te veux
sous les lé, Les palétuviers roses… Aimons-nous sous les palé,
Prends-moi sous les létu, Aimons-nous sous l’évier ! », interprété par
Pauline Carton et René Koval. Créé en 1934 aux Bouffes Parisiens, Toi
c’est moi fut pourtant l’un des plus grands succès de l’opérette
française de l’entre-deux-guerres. Soixante et onze ans plus tard, la
Compagnie Les Brigands tire cette œuvre de l’oubli. Tout comme elle
l’avait fait pour Ta Bouche, la saison dernière : avec enthousiasme et
humour. Mais également un peu moins de réussite.
Il faut dire que Ta Bouche déployait une panoplie
assez rare de peps, de dérision très enlevée, d’esthétisme ludique, de
burlesque mené à cent à l’heure. La barre était donc placée haut.
D’autant qu’en 2004, l’effet de surprise jouait à plein. Car pensait-on
vraiment se laisser ainsi emporter par une opérette oubliée des années
20 ? Sans doute, non. Alors qu’aujourd’hui, incontestablement, on
attendait le meilleur de cette nouvelle mise en scène.
Or, si les dix comédiens-chanteurs et les dix
musiciens réalisent de nouveau une fort belle performance technique, ce
spectacle ne suscite pas l’enthousiasme qu’avait réussi à déclencher Ta
Bouche. Pourtant, les aventures de Robert et Patrice, deux inséparables
flambeurs expédiés dans une plantation tropicale par une richissime
tante (facétieuse Marie-Louise Duthoit) aux crochets de laquelle ils
vivaient jusque-là, ne manque pas de relief. Non plus de cocasserie.
Amours sincères des uns, projets d’unions vénales des
autres. Abandons grivois des protagonistes les plus mûrs qui, sous la
touffeur des tropiques, se laissent aller à des humeurs très libertines.
Revirements de situations et quiproquos. Toi c’est moi trace le portrait
d’une société colonialiste gouvernée par l’argent et les préjugés
raciaux (l’unique personnage Noir, Bédélia — sensuelle Francine Romain —
est évidemment une fieffée paresseuse…). Le tout sur des airs aux
teintes exotiques et des rythmes latinos.
A l’ère des bandes-son généralisées, des play-back
palliatifs, des mélodies douceâtres et des orchestrations prédigérées,
il est plaisant de voir renaître une comédie musicale sortant de telles
standardisations. Plaisant d’écouter une partition jouée, depuis la
fosse, par de vrais musiciens (dirigés par Benjamin Lévy) et chantée
sans le secours de ronflantes sonorisations.
Alors, tant pis si la mise en scène de Stéphan Druet
peine à trouver ses marques, si certains interprètes manquent parfois
d’allant, de folie, s’il faut attendre le deuxième et dernier acte pour
que le spectacle rencontre enfin son rythme. Car Toi c’est moi reste un
moment de théâtre chanté très distrayant, empreint d’un charme
savoureusement désuet.
Forum Opéra Christophe Rizoud (14.12.2005)
www.forumopera.com
C'est ça la vie, c'est ça l'Athénée L'habitude est
désormais prise : une fois l'an, la compagnie Les Brigands ravive la
flamme de la musique légère sous la coupole dorée du Théâtre
Athénée-Louis Jouvet. L'aventure commence en 2002 avec Jacques
Offenbach, le compositeur des origines, Geneviève de Brabant d'abord
puis Le Docteur Oxl'année suivante. Mais c'est Maurice Yvain qui ouvre
grand les portes de la renommée. Ta Bouche, présenté l'hiver dernier et
repris trois mois après au Théâtre de La Madeleine, fait un carton. Le
spectacle est nommé aux Molière et décroche le prix SPEDIDAM. La
médaille a son revers. Après un tel succès, il faut transformer l'essai,
exhumer la perle rare, surprendre encore, amuser toujours.
Le choix se porte alors sur Toi c'est moi, comédie
musicale oubliée d'un compositeur inconnu, Moïse Simons. Oublié, inconnu
? Pas tout à fait, le tube "Sous les palétuviers" résiste vaillamment à
l'épreuve du temps et Susan Graham, à la recherche des trésors perdus de
l'opérette française, déniche en 2002 les deux airs de Viviane,
"Vagabonde" et surtout l'euphorique "C'est ça la vie, c'est ça l'amour"
dont elle délivre au disque une interprétation de référence.
L'auteur de la pièce, Henri Duvernois, est lui aussi
ignoré des dictionnaires. Le livret aura du mal à réparer cette
injustice car il ne propose rien de nouveau sous le soleil des
tropiques. Bob, beau, jeune, noctambule, dilettante, abuse des richesses
de sa tante Honorine et de la naïveté de son ami Pat. Envoyé par la
première dans une plantation des Antilles, il propose au second
d'échanger leurs identités (d'où le titre de l'oeuvre) afin d'échapper
aux durs travaux qui l'attendent. Cette situation ne manquera pas
d'engendrer les quiproquos sur lesquels reposent une bonne partie de
l'intrigue. Sans sombrer dans la morosité ou pire l'ennui, le sujet
prête plus à sourire qu'à vraiment s'esclaffer.
La partition, réorchestrée par Thibault Perrine,
vient au secours de la fable en métissant joyeusement les rythmes nord
et sud américains, les harmonies classiques et modernes. La mélodie,
généreuse, s'appuie sur des structures savantes. Refrains, couplets,
duos, trios, ensemble, la variété des formes achève de séduire. Cette
musique n'en demeure pas moins fragile mais Benjamin Lévy est désormais
un expert en la matière et sait, mieux que quiconque, la dynamiser sans
la disloquer, l'encanailler sans sombrer dans la vulgarité, trouver le
ton et le tonus, les insuffler avec brio aux dix musiciens de
l'orchestre et, sur scène, aux dix chanteurs de la troupe.
Car c'est ici l'esprit d'équipe qui prévaut, la
qualité du jeu et de la diction, l'engagement, la sincérité, même si,
au-delà, s'exprime de manière plus ou moins remarquable la personnalité
de chacun. Ainsi, on n'empêchera pas Emmanuelle Goizé et Gilles Bugeaud,
déjà applaudis dans Ta bouche, d'emporter la préférence. Parce qu'ils
sont les mieux chantants en terme de musicalité, de projection,
d'articulation, les mieux dansants, les plus naturels tout simplement.
Francine Romain aussi impressionne favorablement.
Elle n'a qu'un air pour convaincre, celui de Bedelia coquinement imagé
("moi chanter la chansonnette, souffler dans clarinette et claquer
castagnettes"). La voix, sensuelle et ronde, comme un chocolat chaud,
ainsi que l'expression, torride, le transmuent en brise étouffante,
moite et brûlante.
Parmi les autres membres de la famille, Jennifer Tani
parvient en Viviane, avec des moyens moindres, à conjurer le fantôme de
Susan Graham. L'âge de Marie-Louise Duthoit joue en la défaveur de sa
Tante Honorine, trop jeune, trop fraîche, trop mince. Aux côtés du
sympathique Pat de Loïc Boissier, Carl Ghazarossian manque de carrure,
de volume et de séduction pour incarner ce fripon de Bob.
Encore faudrait-il, pour qu'il puisse déployer tout
son charme, lui donner le temps d'enjôler. Mais Stéphane Druet ne permet
pas aux comédiens de s'installer dans leur rôle. Dès le début, sa mise
en scène se construit sur le mouvement, dans l'exaspération. Ca tourne,
ça glisse sans arrêt sur le plateau incliné, ça frappe, ça bouge dans
tous les sens. C'est trop ! Le premier acte laisse le public sur les
rotules, abasourdi. Et si il parvient à reprendre son souffle durant la
deuxième partie, c'est parce que l'air de Bedelia déjà mentionné, le duo
de Pat et Viviane "Pourquoi donc lorsqu'on s'aime" et surtout le grand
ensemble "En utilisant la gamme" freinent la machine. Fougue de la
jeunesse, l'affirmation de la modernité à travers l'énergie, à tout
prix, trouve ses limites.
Au terme du voyage, la bonne humeur de la troupe
emporte malgré tout la partie. L'exploit de Ta bouche n'est certes pas
renouvelé mais qui rentrerait mécontent d'un séjour aux Antilles en
plein coeur de l'hiver quand il est proposé avec tant d'entrain ?
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