×
Qu’est-ce qu’un Djorghi ? C’est une sorte de derviche, sorcier, assez farceur et intéressé. Commandé par la peur et par l’argent, il mènera tous les événements. Le Maharajah de Gourtakala, d'âge plus que mûr, veut épouser la jeune princesse Sita, reléguant au second plan son épouse Radanika, mère de six filles et qui ne lui donna point d'héritier mâle. Sita aime le jeune prince Satiava et en est aimée. Tous, diversement, conjurent, abjurent, et obligent Monni, le Djorghi, d’arranger les choses selon leur intérêt particulier, d’après les illuminations divines que lui assureront ses méditations. Il fait pour le mieux. Le mariage est célébré entre le vieillard et la fraîche princesse, mais il n’est point consommé, car tout le monde - sauf les femmes - part pour la cirasse au tigre, aussitôt après la cérémonie nuptiale. Au cours de cette chasse, le vieux Maharajah disparait. On le croit dévoré par le fauve, et, selon la loi, ses deux épouses devront être brûlées. Elles esquivent le supplice en se faisant remplacer par des mannequins. Mais l’époux n’est point mort. Revenu, il userait de toutes ses prérogatives, si le Djorghi, qui aime l’or et craint les menaces de Satiava et de l’épouse lésée, prenant l'apparence du dieu Anuba, n'enjoignait au Maharajah de dénouer son union avec Sita et de consentir au mariage de la jeune princesse et de celui qui l’aime.
[Extrait de "La Presse", 21 avril 1923]