Moineau

× La scène se passe vers 1865 et débute à Montmartre, au temps où Montmartre était encore campagnard, dans l'atelier d'un riche peintre amateur, un jeune désœuvré, ami des cocodès et des cocodettes, Gaston Gilbert.
Gaston a des principes : il n'admet pas les liaisons qui durent comme celle de son ami Alexandre Chadec qui vit depuis dix ans avec Mme Froumentel, directrice d'un magasin de nouveautés. Tous les trois mois, Gaston renouvelle ses amours. Il vient de quitter la petite Léontine des Délassements Comiques. Celle-ci veut se cramponner. Il lui joue la comédie du retour d'une épouse supposée, figurée par un mannequin. Enfin le voilà libre !
Mais c'est le printemps, la rue des Saules fleurit au soleil, toutes les passantes lui semblent jolies. Il
s'amuse à mettre des miettes sur la fenêtre pour attirer ces gentils moineaux parisiens, c'est-à-dire qu'il improvise une vente réclame aux prix les plus fantaisistes.
Une jeune femme s'arrête et se laisse tenter imprudemment par le bagout du peintre. C'est une petite ouvrière, Cécile Durand, dite Moineau, qui fabrique à domicile des couronnes en fleurs d'oranger pour les mariées. Cela donne à Chadec l'idée joyeuse d'organiser une fausse noce où Cécile et Gaston figureront les époux, Chadec et Mme Froumentel représenteront les parents, et la femme de ménage Angèle, une vieille tante de province. Tous les amis de Gaston sont invités à la cérémonie...
II
A Romainville, au restaurant du Tourne-Bride où s'abritèrent les amours de Florestan et de Véronique...
Ta noce de la fille de M. Ponestier, marchand de bois, avec la jeune Félix, marchande de volailles, se rencontre là avec la fausse noce Gilbert aux allures assez étranges, à la fois élégantes et débraillées...
M. Ponestier, qui se trouve embarrassé pour donner les conseils d'usage, demande à Mme Froumentel de permettre à sa fille d'écouter la leçon qu'elle doit vraisemblablement donner à Cécile...
Celle-ci, qui s'était d'abord abandonnée allègrement à la farce, s'attendrit et s'attriste au fur et à mesure que la journée approche de sa fin... Elle envie les vrais amoureux, les vrais époux... Elle s'est éprise de Gaston. Elle aurait beaucoup de peine si le Champagne ne l'aidait à terminer le divertissement aussi gaiement qu'il avait commencé.
III
Trois mois ont passé. Fidèle à ses principes, Gaston s'apprête à se séparer de Cécile, bien qu'il se soit attaché plus tendrement à celle-ci qu'à ses précédentes conquêtes. Il annonce le retour prochain de son hypothétique épouse.
Léontine apprend à Cécile quelle comédie Gaston lui a jouée. Et c'est elle-même avec l'aide de Mme Froumentel, qui bernera le peintre en se mettant à la place du mannequin. Elle connaîtra de la sorte les vrais sentiments de Gaston à son égard. Il l'aime véritablement, il regrette sa décision. Elle n'aura qu'à ouvrir les bras pour qu'il s'y précipite.
Est-ce que Moineau va prendre son vol ou rester dans la cage ?

[Extrait du programme original]