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L’action se passe vers 1840, époque glorieuse de M. Prudhomme. Celui-ci a une fille, Palmyre, qu’il veut marier à un ridicule hobereau nommé Antonin, dont il espère que l’influence lui fera obtenir la Légion d’honneur. Il n'a pas assez médité sur Le Gendre de M. Poirier. Mais Palmyre, bien entendu, aime en secret un beau jeune homme, peintre de son métier, peintre peu fortuné, hélas ! bien qu’il n’y eût point de crise alors, qui répond au doux nom d’Edouard. Elle ne peut espérer obtenir le consentement de son père à son mariage avec celui qu’elle aime, tant que cet Edouard n’aura pas une « situation ». Jusque là, il s’agit d’empêcher le mariage projeté. Par malheur, les divers stratagèmes dont s’avisent les jeunes gens échouent tous.
Or. M. Prudhomme a été choisi pour recevoir à Paris M. Pickwick, le célèbre héros de Dickens, venu au nom de son club enquêter sur l’amour (ce qui nécessite toujours une documentation pittoresque). M. Pickwick, séduit par la gentillesse de Palmyre et sachant la répugnance de celle-ci à épouser le triste Antonin, lui offre de se fiancer avec lui... pour rire. Il disparaîtra au moment voulu. Et ce sera autant de temps de gagné.
Mais ce grave homme de Pickwick, malgré sa froideur anglo-saxonne (émoustillé par son enquête) se laisse prendre à son propre piège. Il s’éprend tout doucement de Palmyre, et a bien envie de transformer ses fausses fiançailles en épousailles authentiques. Heureusement, avant la signature du contrat, un baiser surpris lui révèle que le cœur de Palmyre est déjà pris, et lui évite un classique désagrément. Il s’éclipse, mais son intervention généreuse fera le bonheur des deux amoureux.
[Extrait de "Comoedia", 4 janvier 1933]