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Dans un palace de la Côte d’Azur, une jeune veuve, Suzanne Mérian, est courtisée par deux jeunes gens. L’un, Alain Lechartier, tendre soupirant, n’a jamais le mot ou le geste à placer au moment opportun, parce que timide, l’autre, Eric de Cornio, brillant et entreprenant, ne manque pas, au contraire, de tirer parti de ses avantages naturels. La sympathie de Suzanne irait volontiers à Lechartier si la timidité de ce dernier ne le rendait décidément par trop ridicule.
Arrive un extraordinaire professeur, Dimonio, prestidigitateur, transmetteur de pensée et d’énergie, vivant au jour le jour de recettes problématiques, flanqué d’une marquise de Brinvilliers, son sujet d’expérience et aussi sa maîtresse. Cette marquise de carrefour supporte mal le régime de restrictions amoureuses que lui impose un amant aux énergies défaillantes. Si mal qu’un beau soir, échappant au pouvoir de son maître, elle lui fait rater une expérience de suggestion et s’enfuit avec un greluchon dont elle a follement envie.
Pauvre Dimonio ! Que devenir ? Fort heureusement, la Providence délègue vers lui Lechartier qui en a assez de jouer le rôle de benêt auprès d’une femme aimée et veut, à n’importe quel prix, acquérir une énergie qui jusqu’ici lui fit défaut.
Dimonio, vous le devinez bien, fera payer au prix fort ses passes magnétiques. Les résultats sont du reste magnifiques. Le timide Lechartier devient, en effet, irrésistible, audacieux, persuasif, prêt même à rosser le concurrent devant qui il tremblait auparavant. Il n’a plus besoin de Dimonio à qui, par reconnaissance, sans doute, il assurera des rentes honorables. Et tout finira pour le mieux, puisque Lechartier épousera Suzanne et que l’infidèle marquise elle-même revient à Dimonio auprès de qui elle appréciera et goûtera les délices d’une existence confortable.
[Extrait de Comoedia, 22 septembre 1929]