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Arlette est une jeune fille « moderne ». C’est à dire que ses jupes, ras coupées, à la manière des cheveux, laissent ses jambes aussi découvertes que la nuque. Elle est mieux munie en diplômes, possède ses brevets d’ingénieur et dirige avec autorité les études techniques aux ateliers de son père, César Brachon, grand industriel, qui construit des avions après avoir été paveur.
Le célèbre axiome « La femme est un animal à cheveux longs et à idées courtes » est-il vraiment renversé ? Et les idées d’Arlette Brachon ont-elles gagné en longueur tout ce que ses cheveux ont perdu ? Oui, s’il faut croire à ses inventions dans l’ordre mécanique. Mais nous n’avons la preuve que de son invention sentimentale. Riche, belle, courtisée, elle aime ostensiblement et, si l’on peut dire, avec une mâle assurance, un aviateur pauvre, obscur et honnête, qui s’obstine à l’aimer en secret et sans espoir. Le père, cependant, fiance sa fille au baron Wertheiner, qui passe pour riche et influent, alors qu’il est un espion à la côte. Ariette feint d’accepter. Une condition toutefois : le mariage n’aura lieu qu’après la Coupe des Nations. Grâce au moteur qu’elle prépare en secret, l’aviateur Jean gagnera l’épreuve. Glorieux as, il l’épousera de surcroît. Le difficile est de vaincre la pudeur et les appréhensions du timide jeune homme.
A vrai dire, nulle licence dans cette opérette ; et si nous voyons, à l’acte suivant, le baron-espion mettre en effet sa « main basse » sur ce que la jolie Ariette a de plus secret, c’est qu’il lui prend à la dérobée les plans de son nouveau moteur. Déception générale. Fausse accusation contre le brave sergent Tirelire qui se disculpe en chantant.
Arlette ne « s’en fait pas ». Jean gagnera tout de même la coupe. Comment ? C’est bien simple. Elle aura du génie et perfectionnera le moteur. Durant ses nuits de chaud labeur, elle inventera pour son cher aviateur "Un petit rien qui sera tout !"
Heureux Jean ! Vainqueur en effet de Wertheiner qui pilote un appareil étranger dont le moteur est justement celui des plans volés, trop tôt par chance !
[Extrait du "Ménestrel", 14 janvier 1927]