Les Interprètes

D'origine belge, Yvonne George a commencé sa carrière au théâtre, où elle se lie d'amitié avec Jean Cocteau. Elle se produit comme chanteuse dans les milieux intellectuels parisiens, au Boeuf sur le toit et Chez Fisher, en 1924, où elle est accompagnée au piano par Georges Van Parys. A l'Olympia et à Bobino, elle est sifflée par le public qui la taxe d'intellectuelle et lui reproche son émancipation. Elle se forge pourtant un cercle d'admirateurs et poursuit une carrière controversée. En 1926, six ans après son premier passage, elle remporte un succès à l'Olympia avec "Valparaiso". Habillée de noir, le visage blême et expressif à l'extrême, Yvonne George interprète sur scène ses chansons comme autant de saynètes de théâtre, ayant souvent recours au mime, à la façon d'une tragédienne. La chanson réaliste ("Pars", "La Femme du bossu"), la chanson de marin ("Valparaiso") et quelques vieilles chansons françaises ("Les Cloches de Nantes") constituent l'essentiel de son répertoire. Rongée par la tuberculose, l'alcool et la drogue, elle disparaît au terme de dix courtes années de carrière. Elle est la première grande figure de la chanson réaliste et un archétype de l'artiste maudit. Les controverses qu'elle a suscité sont sans doute liées à son style particulier, mais sont aussi à rapprocher de son inscription dans le courant d'émancipation des femmes de l'Entre-Deux-Guerres, après que le conflit eût changé la donne du rôle des sexes dans la société (le roman emblématique de Victor Marguerite "La Garçonne" fut le succès de 1922).
[notice (c) Le Hall de la Chanson]

Yvonne George   Photo

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