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Simplice Radineau est venu de province faire un stage à la banque Orsel. Ce timide au grand cœur, perpétuel empoté, semble né pour servir la guigne. A l’envi se gaussent de lui les filles du patron, Denise et Alice, ses collègues Canelier et Bertin, et le trémoussant quatuor des dactylos-maison. Mais quelqu’un a juré de vaincre le guignon dans la destinée de Radineau : la Chance. Elle arrive du Midi, bruyante, redondante, sous les traits de la tante Clémence et de son notaire, maître Paterne. Un inattendu et mirobolant héritage, celui de l’oncle Alex, échoit à Simplice, pour peu que rien n’ait terni son honneur. Cher garçon ! En avant, toasts et champagne, dans le cabinet directorial ! C'est l’instant que choisit Orsel pour rappeler discrètement au trop joyeux Simplice certaine fâcheuse histoire : la disparition d’une liasse de billets, muée en reconnaissance de dette, et qui le met à sa merci. De cela, Orsel s’autorise pour s’installer a Cannes, dans la villa de l'oncle Alex, traquer Simplice et le contraindre à choisir entre Alice ou Denise. Notre nigaud ne serait point tant à plaindre s’il n’aimait Geneviève, la fille du notaire. Il l’aime même si fort qu’à la veille d’épouser Denise - préférée de guerre lasse et par hasard - il lui propose de l’enlever. Feinte heureuse, d'ailleurs, et qui laisse au coup de théâtre toute sa force de surprise. Un pourboire imprudent, un billet marqué, révèlent subitement l'auteur véritable du vol : c’est Canelier, indélicat par amour pour Denise. Pour avoir beaucoup aimé, d’avoir un peu volé lui sera pardonné.
[Extrait de "Comoedia", 16 décembre 1935]