La base recense 266 compositeurs (de
la totalité de la musique, ou d'airs additionnels pour des oeuvres
françaises ou étrangères), soit 674 collaborations.
Dans l'immense majorité des cas, et à l'inverse des auteurs, la plupart
des pièces sont l'oeuvre d'un compositeur unique.
Deux duos systématiques existent cependant :
Fred PEARLY et
Pierre CHAGNON, et
Philippe PARES et
Georges VAN PARYS
Dans les autres collaborations, il y a en général un
compositeur principal, et un ou des collaborateurs pour des airs
additionnels. C'est par exemple le cas de
Gaston GABAROCHE, dont plusieurs oeuvres comprennent des airs
additionnels de
Fred PEARLY.
Il y a aussi, mais plus rarement crédités sur les
partitions, des "collaborateurs musicaux". Ce terme évasif peut recouvrir
bien des choses, mais il s'agit en général d'une participation aux
arrangements ou à l'orchestration (c'est ainsi que la célèbre série des
"opérettes marseillaises" de
Vincent SCOTTO doit beaucoup à la participation du chef
d'orchestre
Georges SELLERS).
Ce n'est qu'à partir des années 30 que la
notion d'orchestrateur se développe. Durant toutes les années 20, la
plupart des compositeurs, de formation classique, étaient capables
d'orchestrer seuls leurs partitions. Le recours aux orchestrateurs était
rare, à l'inverse des Etats-Unis où les connaissances techniques des
compositeurs étaient plus maigres : Irving BERLIN ou
Jerome KERN savaient à peine noter la musique, et
Georges GERSHWIN lui-même n'a participé que
parcimonieusement à
l'orchestration de ses oeuvres, même symphoniques (l'orchestration de la
Rhapsodie in blue est notoirement de Ferdie GROFE, par exemple).
La signature de l'orchestrateur, lorsqu'il
existe, n'apparait jamais en France sur les partitions (à l'exception de
Ad. GAUWIN sur "Katinka" de
Louis LAJTAI). Seul figure le nom du chef d'orchestre au théâtre,
mais il n'y a pas obligatoirement de lien entre orchestration et direction
comme par la suite.
Par contre, il n'y a jamais eu en France comme aux
Etats-Unis d'équipe d'une demi-douzaine de compositeurs qui se partagent
la tâche : compositeur de chansons, de ballets, d'intermèdes orchestraux,
arrangeur vocal, orchestrateur...
Egalement à l'inverse des Etats-Unis à la même époque
(où la comédie musicale relevait davantage de la tradition du music-hall
que de celle de l'opéra) il n'existe pratiquement aucune pièce en France
dont la musique soit un patchwork de chansons d'auteurs divers.
Deux exceptions confirment la règle : J'te veux
(1923, 4 compositeurs) et Mon vieux (1924, 6
compositeurs), mais il s'agit selon la partition d'une "comédie mélée de
chansons".
D'un point de vue musical, deux écoles se partagent la
scène : les compositeurs de tradition classique et lyrique d'une part (Reynaldo
HAHN,
André MESSAGER,
Louis BEYDTS...), les compositeurs venant de la chanson et du
music-hall d'autre part (Henri
CHRISTINE,
Raoul MORETTI,
Georges VAN PARYS,
René MERCIER...).
Il est de bon ton d'appeler les premiers "les
musiciens" ... et de ne pas appeler les seconds ! Malheureusement pour les
amateurs de classifications bien nettes, il y a entre les deux des
compositeurs qui brouillent les pistes par leurs indiscutables qualités
techniques (Maurice
YVAIN,
Marcel LATTES,
Tiarko RICHEPIN sont les plus indiscutables).
Il est dans tous les cas assez vain de vouloir opposer les uns aux autres ; c'est une vue de l'esprit des musicologues de l'après-guerre, où la manie des classifications a battu son plein. Par ailleurs, quand
Arthur HONEGGER (La Belle de Moudon, 1930),
Marcel DELANNOY (Philippine, 1937),
Manuel ROSENTHAL (Les Bootleggers, 1933) se risquent à la
comédie musicale, c'est certes parfois pour des raisons commerciales,
comme l'ont dit un peu vite des musicologues que cet aspect de leur oeuvre
chagrinait, mais aussi parce qu'ils avaient perçu la vitalité et les
qualités musicales d'un genre qu'ils ne méprisaient pas.
Quand on lit par exemple, sous la plume d'un biographe, que Le Train bleu (1924) de
Darius MILHAUD est de l'anti-YVAIN, un examen sérieux de la question dans
son contexte permet d'affirmer que c'est en fait tout le contraire.
Arthur HONEGGER disait "un final d'YVAIN, c'est ficelé comme un
final de HAYDN. Ce petit musicien est un maître". Une écoute comparée de Oh Papa de
Maurice YVAIN et de la célèbre Poule noire de
Manuel ROSENTHAL, toutes deux composées en 1933, montre une influence évidente du premier sur le second dans l'écriture des
ensembles et des arrangements.
La position "moderne" sur cette question provient
vraisemblablement du fait qu'après la guerre la musique "classique" et la
musique "populaire" ont de plus en plus divergé, au point qu'on
a
aujourd'hui du mal à imaginer leur proximité avant la guerre. Les
musiciens populaires d'aujourd'hui ont rarement les compétences techniques
de leurs aînés. La plupart d'entre eux sont à peine capable de mettre trois
accords derrière une mélodie qu'ils ont de la peine à poser sur le papier,
quant à orchestrer... A l'inverse, par exemple, l'instrumentation
originale de "Phi-Phi" montre qu'on traite souvent un peu vite
Henri CHRISTINÉ de simple mélodiste.
Pour chaque compositeur, on trouvera :
- des éléments biographiques
- des photographies
- La liste des pièces auquel il a participé
- divers documents, coupures de presse, etc.
Les liens de couleur bleue
permettent de naviguer directement vers les fiches des pièces. |