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Houpette, grande vedette de music-hall, se repose dans sa propriété du Cap Ferrât, en attendant la prochaine revue qu'elle doit jouer ; mais ce repos n'est qu'illusoire, car elle travaille toujours ; sa maison est organisée comme un ministère avec les différents services : les girls qui répètent leurs danses, la dessinatrice qui prépare les maquettes des costumes, l'auteur de sketehes qui cherche les idées pour mettre la vedette en valeur, le secrétaire, Ambroise, qui répond aux correspondances et dresse les contrats, car c'est un ancien avoué qui s'est ruiné pour elle jadis et est resté chez elle, au pair, trop heureux de vivre encore dans l'atmosphère de celle qu'il aime toujours.
Il y a aussi, parmi les invités, Puck, le nouveau danseur qui doit faire numéro avec elle, or, ceci inquiète particulièrement son entourage, elle a l'air de faire attention à lui ; Houpette, qui n'a jamais perdu son temps à aimer, se sent pincée et elle est à la fois ravie et furieuse ; furieuse parce qu'elle n'aime pas à abdiquer la maîtrise qu'elle a sur elle-même et ravie par ce sentiment nouveau qu'elle n'a jamais connu ; elle lutte encore, mais la chute est proche ; Ambroise, qui l'a remarqué, risque quelques timides observations, lui rappelle qu'elle a deux filles mariées et qu'elle a un âge et une situation qui ne lui permettent pas de faire la petite folle, Houpette l'envoie promener, ses filles sont admirablement casées, l'une, Janine, mariée avec Balignan, un banquier de Paris, l'autre, Ariette, avec Péronnot, un gentleman farmer ; d'ailleurs elles ne viennent jamais rendre visite à leur mère, qui les voit en cachette et rarement, car il importe que les petites camarades ignorent que la grande vedette pourrait être grand'-mère ; leur mariage a eu lieu dans la plus stricte intimité et la mère y a paru sous son véritable nom qui est Louise Bonhomme et a soigneusement caché qu'elle était Houpette ; leur enfance s'est passée à Londres dans une pension où elles sont restées jusqu'à leur mariage et c'est Ambroise, fortuné à cette époque, qui s'occupait d'elles, bien qu'il ne leur fût rien, elles l'adoraient et l'appelaient Tonton.
Par conséquent ce n'est pas l'idée de ses filles, si lointaines, qui pourrait arrêter Houpette dans la passion nouvelle qui l'entraîne ; mais voici que subitement tombe Janine, qui vient se réfugier chez sa mère, elle veut divorcer ; son mari lui fait mener une vie de recluse, qui ne convient pas à sa jeunesse, ni à son caractère ; à peine remise de son émotion, Houpette voit arriver Ariette, qui veut divorcer aussi, mais pour des raisons inverses ; elle n'aime que la vie de famille et son mari est un noceur.
Houpette pense qu'il faut aussitôt éloigner ces preuves vivantes de son âge et elle entreprend de raccommoder ces ménages disloqués ; elle remet 1a croisière amoureuse qu'elle devait faire avec Puck et part avec Ambroise — sa qualité d'ancien avoué peut être utile dans ces histoires de divorce — pour reconduire ses filles chez leurs maris respectifs.
La visite chez ceux-ci et les ruses employées par Ambroise, et qui réussissent mal, font l'objet du deuxième acte à la fin duquel la situation s'est encore aggravée et elle ne se dénouera qu'à la fin du troisième acte, ainsi qu'il se doit.
[Extrait du programme original]