Philippine

× Philippine nous montre une roulotte et le théâtre ambulant d’une troupe foraine. Le patron et la patronne ont beaucoup roulé, et de toute manière. Leurs deux filles sont nées le même jour, se ressemblent parfaitement, si bien que ces deux charmantes jumelles, lorsqu’elles paraissent sur les tréteaux, sont annoncées comme si la nature les avait faites inséparables. Elles seraient donc une monstruosité ou plutôt une femme double ou doublement délicieuse. Un tel artifice séduit tous les spectateurs qui accourent dans la baraque, et sans doute ne trompe personne.

Les deux jumelles, Nina et Ninette, sont évidemment très courtisées. Mais tous ceux qui les admirent sont dans le même embarras : quelle est la plus jolie, et celle qu'ils aiment le plus est-ce Nina, est-ce Ninette ?

Or, parmi les soupirants plus ou moins baroques, toutes les deux aiment le même matelot. Mais un col bleu, dans une nuit propicement obscure, peut ressembler à un autre col bleu. Aussi, les deux jumelles, après avoir donné quelques baisers à deux gentils cols bleus, sans trop savoir auquel, se trouvent pourvues chacune d’un très gentil mari. Elles échappent donc à leurs grotesques soupirants, et nous sourions volontiers à leur bonheur.

[Extrait de "L'Echo de Paris", 22 octobre 1937]