Les Compositeurs

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Après des débuts dès 1916 dans la musique sérieuse, il se lance en 1928, à 36 ans, dans l'opérette. Ses trois premières pièces, créées en 1928-29 à Budapest, ont un succès discret (la seconde sera reprise en Allemagne après le succès de "Victoria"), mais les trois suivantes font sa fortune : "Victoria et son hussard" (créée en février 1930 à Budapest et quelques mois plus tard à Leipzig puis Vienne), "Fleur d'Hawaï" (1931), et "Bál a Savoyban", ("Le Bal du Savoy", 1932), ces deux dernières créées directement à Berlin.
Les deux premières furent montées à Paris, la troisième devait l'être à Mogador à l'automne 1933, mais il n'en fut rien. Pourchassé dès 1933 par le régime nazi, qui interdit son oeuvre et détruit ses enregistrements, il fuit l'Allemagne, laissant derrière lui quelque 300 chansons inédites qui seront revendues par un secrétaire indélicat à de bons compositeurs aryens en mal d'inspiration !

Abraham fait représenter encore 9 autres pièces en Europe entre 1934 et 1938. Seule la septième, "3:1 a szerelem javara" ("3-1 pour l'amour"), créée à Budapest en 1936 et Vienne en 1937 sous le titre "Roxy und ihr Wunderteam", sort un peu de l'ombre. Elle sera représentée en France sous le titre "Billie et son équipe", mais dans une version totalement remaniée où à peu près toute la musique d'Abraham sera remplacée par des airs nouveaux de Michel Emer et Jean Sautreuil.

Il part ensuite à Cuba, puis aux USA, où il ne connait que l'échec, et perd la raison. Après plusieurs années dans un asile d'aliénés, ses amis réussissent à le faire rentrer en Allemagne en 1956 mais, malade, il meurt en 1960.

Son oeuvre est un mélange curieux de folklore hongrois (de tous les hongrois musiciens de cette époque, c'est celui qui a le plus puisé dans les sources musicales de son pays) et de jazz (c'est également le plus moderne, en particulier dans l'orchestration). Sa "Victoria" est encore fréquemment jouée, surtout en Europe du Nord, et son oeuvre connaît un renouveau certain dans les théâtres allemands, suite au triomphe de "La Duchesse de Chicago" de Kalman en 1999 qui avait été, comme Abraham, victime de la vindicte nazie.

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