Quand on a fait ça une fois...

× Au cours d'une fête de bienfaisance qu'il donne en son château, M. Chinon doit recevoir Marcel de Cégy, le fiancé qu’fl destine à sa fille Gaby. M. Chinon est assisté de l'oncle Molitor, de la tante Eva, de la marraine Suzy Rawlinson. Le projet fut ébauché par correspondance : Marcel est, pour eux tous, un inconnu ; ils le reconnaîtront à la pochette mauve qu’il doit porter à sa jaquette. Ceci permettra d'ailleurs à Gaby de l’étudier un peu, sans lui révéler d’abord sa naissance, ni son nom. Mais, de son côté, Marcel n’entend montrer la pochette mauve qu’à bon escient.

Marcel est en puissance de maîtresse : ia toute belle Lucette de Bellevue - qui, précisément, prête son concours à la fête de bienfaisance organisée par M. Chinon - n'abandonnera le jeune homme à sa fiancée que si la laideur ou la niaiserie de celle-ci lui garantissent le prompt retour de son amant. Lucette s’arrange pour voir Gaby avant que Marcel la connaisse. La jeune fille lui semble charmante. Lucette a prévu ce cas et, d’avance, a dressé ses batteries. Elle met le mouchoir mauve - signe de ralliement - dans la poche extérieure de Blaise Antoine, un bon garçon insouciant, qui vit aux crochets de Marcel. A ce dernier, elle dépeint Gaby de la manière la plus défavorable. Le gros et vulgaire Blaise Antoine, étant pris pour l’élégant Marcel de Cégy, et l’élégant Marcel de Cégv étant pris pour le parasite Blaise Antoine, le jeu des quiproquos n’a plus qu’à se dérouler suivant les règles mathématiques du genre. Les auteurs ont, à cet égard, affirmé leur parfaite maîtrise. La comédie se terminera par le mariage de Blaise Antoine et de Gaby puis par celui de Marcel et de Suzy Rawlinson, car celle-ci retrouve en lui certain frôleur qui pénétra par erreur autrefois dans sa chambre d’hôtel, et dont le contact la laissa délicieusement troublée ; quant à la belle Lucette, elle trouvera dans la fabuleuse richesse de l’oncle Molitor d’appréciables consolations.

[Extrait de "Comoedia", 25 février 1925]