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Les deux couples obligatoires, et qui tendent obligatoirement à s’entre-croiser, représentent ici, l’un la génération d’avant-guerre, sentimentale, rêveuse, délicate ; l’autre, nos moins de trente ans, et cette fureur sportive qui n’a d’égale chez eux que l’indifférence, vraie ou feinte, aux choses de l’amour.
Baby-Mado est le type même de ces enfants du siècle. Ex-star de cinéma, à seize ans, elle a déjà conquis la célébrité et la fortune. Qui, de l’homme de quarante ans ou du jeune fou à la Bugatti, va la conquérir à son tour ? Une course d’automobiles doit en décider, qui nous amènera à un curieux carrefour.
Une « hostellerie » y fait vis-à-vis à un rèstaurant ultra-moderne : l’Albert’s-Bar. D’un côté, vieux bourgogne, poulet cocotte et tziganes.
De l’autre, cocktails, sauces anglaises et jazz nègre. C’est d’ailleurs le même patron qui dirige les deux établissements, et un maître d’hôtel, Frégoli, officie dans l’un et dans, l’autre. Ici côtelettes, queue de pie, et claques sur le ventre des dîneurs. Là, visage glabre, veste blanche, et sérieux d’expert financier. Toujours l’opposition des deux époques, encore que certains clients soient de tous les temps: courtisane assagie, vieux beau à prétention, barbonne volcanique.
[Extrait de "Comoedia", 28 juillet 1929]